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Alstom – General Electric : de quoi se plaindre
L’association Anticor a porté plainte contre X pour corruption, dénonçant la direction du groupe Alstom et l’attitude du gouvernement français, notamment à propos de la vente d’une partie de l’entreprise à General Electric.
En 2014, à l’occasion d’un procès aux États-Unis, Alstom avait été reconnu coupable dans des affaires de corruption en Indonésie, Égypte, Arabie saoudite, Taïwan et aux Bahamas pour des faits ayant eu lieu entre 2000 et 2011. La justice américaine avait établi qu’Alstom avait payé 75 millions d’euros de pots-de-vin et falsifié des documents comptables, pour obtenir 4 milliards d’euros de contrats et réaliser 300 millions d’euros de bénéfices.
Pour faire pression sur Alstom, la justice américaine avait arrêté un de ses hauts cadres. Et, après avoir plaidé coupable, Alstom fut menacé d’une amende d’un milliard de dollars.
Or cela se déroulait pendant la vente de la branche énergie d’Alstom à General Electric. Des politiciens et des journalistes ont donc émis l’hypothèse que l’État américain avait utilisé la procédure judiciaire en cours pour faciliter la vente à General Electric. Et en effet, une fois la vente assurée, il se trouve que les tribunaux ont baissé le montant de l’amende à 772 millions de dollars (637,5 millions d’euros).
L’association Anticor souligne qu’il n’y a pas eu d’enquête sérieuse en France, même après que le PDG d’Alstom de l’époque a reconnu les faits. En revanche, l’État français est intervenu pour aider Alstom, mis à mal par cette amende record, en lançant en 2016 un plan de 700 millions d’euros de commandes, dont 400 millions directement sur fonds publics.
L’affaire ne s’arrête pas là. Dans l’accord de vente à General Electric, l’État français était prioritaire pour acheter 20 % des actions d’Alstom. Mais il a laissé Bouygues rafler la mise et réaliser une bonne opération lors de la fusion entre Alstom et Siemens en 2017. Les experts estiment que cela représente un cadeau au groupe Bouygues compris entre 350 et 500 millions d’euros.
Dans cette jungle capitaliste, tous les coups sont donc permis. Et les actionnaires peuvent s’appuyer sur leurs États nationaux pour leur venir en aide. En bout de chaîne, l’État fait payer la population en général et les travailleurs en particulier.