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Hôpitaux : la canicule, de quoi voir rouge
À en croire la ministre de la Santé Agnès Buzyn, tout s’est bien passé dans les hôpitaux pendant les deux vagues caniculaires de juin et de juillet. Les services d’urgence n’ont certes pas été submergés comme en 2003, mais cet épisode a été extrêmement éprouvant, tant pour les patients que pour le personnel.
À l’APHP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) très peu de services sont climatisés. C’est le cas par exemple dans les hôpitaux de la Pitié-Salpêtrière et Saint-Antoine. En dehors des réanimations, des blocs opératoires, des salles de réveil, seuls les secteurs techniques comportant des machines et les pharmacies le sont. Les rares bâtiments climatisés ont des modèles peu efficaces. Il faisait 28 degrés jeudi 25 juillet dans les chambres, pourtant équipées de climatiseurs, des patients de Gériatrie de l’hôpital Saint-Antoine. Alors, sans la climatisation, il n’est pas rare d’avoir 35 degrés, comme par exemple en Rhumatologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
Certains postes de soins sont des pièces sans fenêtre, les offices alimentaires concurrencent volontiers les saunas. Mais le personnel est abreuvé de conseils par l’encadrement : tout ouvrir la nuit pour rafraîchir, tout fermer la journée, s’hydrater, ne pas faire d’efforts physiques, toutes mesures inapplicables ou peu efficaces !
Rien n’étant organisé rationnellement par la direction, certains services n’avaient même pas reçu de ventilateurs en quantité suffisante fin juin.
Quant à boire, comme le dit une infirmière de la Pitié : « Finir la journée sans avoir bu ni être allé aux toilettes, c’est toute l’année, y compris pendant la canicule. »
Au-delà de la surcharge de travail, il y a le problème de l’accès à l’eau. Des fontaines réfrigérées existent, mais souvent il faut traverser un bâtiment pour y accéder. En Chirurgie à Saint-Antoine, il y a même une seule fontaine pour les quatre étages du service ! Les brancardiers et les coursiers ont eu droit à une seule bouteille d’un demi-litre : à eux de se débrouiller pour la remplir.
Côté efforts physiques, en sous-effectif, le personnel court toute la journée, et cela ne s’arrange pas en cette période où l’activité bat son plein avant les fermetures de lits du mois d’août, et alors qu’une partie des agents sont déjà en vacances.
Le manque de sommeil accumulé par ces chaleurs a fini d’achever les plus résistants et la fin de semaine a vu des soignants un peu hagards.
La canicule n’est pas quelque chose d’inattendu, mais la direction ne met aucun moyen sérieux pour y préparer l’hôpital. En fait, elle gère ces épisodes comme elle gère le reste du temps : à l’économie.
Le mouvement de protestation des services des Urgences, qui continue depuis le mois de mars, est la réponse qu’il sera nécessaire de généraliser pour mettre un coup d’arrêt à la gestion criminelle de la santé dans tout le pays.