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Nantes : Steve Maia Caniço, mort noyé, victime de la violence policière
C’est bien le corps de Steve, jeune animateur périscolaire de 24 ans, qui a été repêché en Loire le 29 juillet, à quelques centaines de mètres de là où il avait disparu suite à une intervention musclée de la police, lors de la fête de la musique le 21 juin, quai Wilson à Nantes.
Cette nuit-là, alors que plusieurs milliers de jeunes participaient à une techno-party, une intervention brutale de la police puis des CRS mettait fin à la fête à quatre heures du matin, provoquant une telle panique que quatorze personnes tombaient dans la Loire.
Une information judiciaire contre X pour homicide involontaire vient d’être ouverte, mais la responsabilité de la police dans cette nouvelle bavure mortelle semble évidente, et particulièrement la responsabilité du commissaire divisionnaire Grégoire Chassaing, chargé des opérations de sécurité cette nuit-là à Nantes.
L’intervention de la police s’est faite alors que le danger de chute dans l’eau qu’elle ne manquerait pas de provoquer était connu. Mais le commissaire Chassaing n’en a eu cure. Il faut dire qu’il venait d’être décoré par Castaner, le ministre de l’Intérieur, pour son « engagement exceptionnel » contre les manifestations des gilets jaunes à Nantes !
Ce commissaire était pourtant déjà connu pour sa « vision exclusivement musclée de la sécurité », selon les dires mêmes d’un syndicat de policiers, le syndicat SGP Police. Cela n’a pas empêché que, juste après la chute des jeunes dans la Loire, provoquée par son intervention, ce commissaire a reçu le soutien total du préfet qui déclarait : « Les forces de l’ordre interviennent toujours de manière proportionnée. Mais face à des individus avinés, qui ont probablement pris de la drogue, il est difficile d’intervenir de façon rationnelle. » Ce qui aurait été rationnel aurait été de laisser la fête aller à son terme, qui était proche.
La famille et les proches de Steve, très mobilisés dans la recherche du corps, n’ont eu de cesse de dénoncer la lenteur des opérations, disant que, si c’était un policier qui était tombé dans la Loire ce soir-là, on n’aurait certainement pas mis plus d’un mois pour le retrouver. Et, après avoir manifesté leur angoisse et leur colère lors de rassemblements, de marches à travers la ville et sous forme d’affichettes « Où est Steve ? » posées partout dans Nantes, c’est maintenant la colère qui prend le dessus en réclamant « Justice pour Steve ! ».
Le Premier ministre a repris à son compte le rapport de l’IGPN qui ose affirmer : « Il ne peut être établi de liens entre l’intervention des forces de police et la disparition de Steve Maia Caniço. » Entre la mise en danger de la vie de centaines de jeunes et la volonté de soutenir l’encadrement de ses forces dites de sécurité, toute la hiérarchie de l’appareil d’État a choisi son camp : ce n’est pas celui de la sécurité de la population.