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Leur société
Prime à la conversion : le rabotage exclut les plus modestes
Lancée en janvier 2018 pour le plus grand bénéfice des industriels de l’automobile, élargie ensuite début 2019 comme réponse à la protestation des gilets jaunes contre la hausse des prix du diesel, la prime à la conversion a été sérieusement revue à la baisse par le gouvernement depuis le 1er août.
La prime était prévue au départ pour ne concerner que 100 000 véhicules par an, envoyés à la casse en échange de l’achat d’un véhicule moins polluant, mais les demandes pour 2019 avaient atteint un rythme annuel de 450 000. Il n’était pas question pour l’État de payer cette prime, entre 1 000 et 5 000 euros par véhicule, avec le montant alloué dans le budget 2019. Il aurait manqué 300 millions d’euros. Le gouvernement a donc décidé d’en changer les règles d’attribution.
Pour justifier son empressement à durcir les conditions d’attribution de cette prime, il a mis en avant les exemples d’acheteurs fortunés qui en auraient bénéficié pour acquérir des voitures de luxe dont certaines dépassant les 60 000 euros, Mercedes, BMW ou autres Tesla. Dans la nouvelle mouture, les automobilistes souhaitant acheter un véhicule électrique coûtant plus de 60 000 euros ne peuvent plus prétendre à la prime. Cela permet de laisser supposer que l’État ne s’en prendrait qu’aux plus riches, alors qu’en réalité, 80 % des bénéficiaires de la prime à la conversion sont des travailleurs non imposables. Ceux-là perdront gros aux changements.
Quand le gouvernement décide de sortir les véhicules diesel d’occasion des critères d’attribution de la prime pour la diminuer, ou quand il recentre les aides sur les véhicules les plus propres, excluant de ce fait de nombreuses voitures telles que certains modèles de Clio ou de Fiat 500, cela ne peut toucher que des salariés modestes. Ils devront dès lors continuer de rouler avec leur vieille guimbarde, à condition que la législation sur la pollution ou le durcissement du contrôle technique le leur permettent encore.