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Leur société
Transports collectifs : une pénurie générale
Une étude récente réalisée par l’Autorité de la qualité de service dans les transports (AQST), qui dépend du ministère de la Transition écologique et solidaire, s’est penchée sur les offres de déplacements publics dans les régions rurales.
Le constat confirme ce que tout le monde sait : pour rejoindre les grands centres urbains, les habitants des territoires ruraux n’ont bien souvent d’autre choix que de prendre leur véhicule personnel, à cause d’un maillage insuffisant de cars et de trains. Quand ceux-ci existent, leurs horaires de fonctionnement sont restreints et souvent inadaptés. Résultat : en zone rurale, les trajets sont cinq fois plus longs en transports en commun qu’en voiture.
Parallèlement, des maires ont témoigné dans différents articles de presse ou reportages télévisés. Ainsi Louis Pautrel, maire UDI du Ferré, une commune de 690 habitants d’Ille-et-Vilaine, explique qu’il n’existe aucune offre de transports publics pour rejoindre la ville la plus proche, Fougères, située à moins de 20 kilomètres. Mais l’élu, qui est aussi vice-président national de l’Association des maires ruraux de France, demande à l’État « d’arrêter de concentrer les services publics et les activités économiques autour des grandes métropoles. Il faut un rééquilibrage territorial, avec des politiques de différenciation en faveur des territoires les plus isolés. »
Des propos que développent souvent des notables locaux, mais qui, en opposant ainsi les zones rurales aux grandes métropoles, sont aussi une façon d’esquiver les vraies questions. Car si dans les grandes agglomérations des réseaux de transports en commun existent, ils sont également défaillants. RER bondés, trains supprimés, retards et pannes multiples liés au manque d’entretien, lignes fermées en soirée : tel est, par exemple, le lot de millions de Franciliens. C’est particulièrement le cas pour ceux issus des couches populaires qui travaillent tard le soir, ou sont obligés d’habiter en grande banlieue, loin des centres urbains aux coûts inabordables.
En réalité, pour faire face à cette situation, en ville comme à la campagne, il faudrait un plan massif d’investissements s’appuyant sur la complémentarité des différents moyens de transport existant aujourd’hui. La construction d’un vaste réseau ferré permettant de relier chaque sous-préfecture et le maximum de chefs-lieux de canton avait été lancée au 19e siècle afin de désenclaver les régions mal desservies. La fermeture d’un grand nombre de ces lignes pour de seules raisons de rentabilité est loin d’être justifiée. Mais Élisabeth Borne, ministre des Transports et de la Transition écologique, s’est contentée, pour rebondir sur l’enquête de l’AQST, de répéter que le gouvernement allait soutenir (ce qui veut dire financer seulement en partie) 16 expérimentations d’utilisation en situation réelle… de petits véhicules autonomes sur la voie publique. Autant dire qu’avec cette goutte d’eau dans un océan de sous-développement, la situation n’est pas près de s’améliorer.