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Mexique : narcotrafic et déliquescence de l’État
Vendredi 18 octobre, la police mexicaine avait arrêté le fils d’un trafiquant de drogue mais, cernée par les hommes de main du cartel, elle a dû le relâcher. Une pierre dans le jardin du président mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador, un politicien de centre gauche qui s’est fait élire en 2018 en prétendant diminuer la criminalité qui ronge le pays.
Ovidio Guzman Lopez est le fils de Joaquin Guzman, surnommé « El Chapo », principal chef du cartel de Sinaloa, qui purge une peine de prison à perpétuité aux États-Unis. Le cartel de Sinaloa est le plus puissant des sept ou huit cartels qui font prospérer le commerce de la drogue du Mexique vers les États-Unis.
Ovidio Guzman, qui a pris la relève de son père, a été arrêté par une trentaine de policiers à Culiacan. Mais ceux-ci se sont rapidement retrouvés encerclés sous le tir nourri des hommes de main du cartel faisant sept morts. Pour s’en sortir, les policiers ont relâché le mafieux. Devant les medias, un ministre a dû admettre que l’opération avait été un fiasco. Il est difficile en effet d’arrêter ce truand au cœur de son fief.
Les cartels disposent de gros moyens financiers. Ils pèsent donc lourd sur l’économie, la politique et la vie quotidienne du Mexique, où la corruption et la criminalité règnent sur toute la société. Longtemps l’armée a mené l’offensive, du moins officiellement, contre eux. De l’avis de plusieurs ONG, cela a plutôt envenimé les choses, laissant sur le carreau 250 000 personnes tuées par les uns ou les autres pendant une douzaine d’années ; avec plus de 33 000 personnes assassinées, 2018, l’année de l’élection de Lopez Obrador, a même été une année record.
L’actuel président mexicain tente d’écarter l’armée et de restaurer l’autorité de la police. Mais cet épisode montre à quel point les résultats sont peu probants, ce que n’ont pas manqué de lui reprocher ses opposants du PRI ou du PAN, deux partis qui n’ont pas fait mieux au gouvernement et encore, quand ils n’étaient pas complices des cartels.
En matière de répression policière, le président mexicain a, pour le moment, mieux réussi comme supplétif de Trump dans la chasse aux immigrés qui tentent de passer d’Amérique latine vers les États-Unis. Sur ce terrain-là, la police mexicaine se montre malheureusement plus efficace que contre les gangs.