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Les annonces de Philippe : tous perdants, tout est à jeter
Dans ses annonces du 11 décembre, et malgré toutes ses précautions de langage, Édouard Philippe a été transparent : si la réforme passe, le monde du travail dans son entier sera perdant, c’est bien le but recherché.
Les ministres prétendent que seuls les moins de 45 ans devraient subir la réforme de plein fouet. En réalité, comme c’est déjà le cas depuis les réformes introduites par Balladur en 1993, les droits des retraités ne cessent de s’amenuiser.
Tous les salariés perdraient à la réforme, mécaniquement, peut-on dire, car, au lieu des 25 meilleures années (ou des six derniers mois pour les agents de la fonction publique), toutes les années, même celles de vaches maigres, entreront dans le calcul de leur retraite. Certains ont estimé qu’ils perdront plusieurs dizaines à plusieurs centaines d’euros par mois sur leur future pension.
Les régimes dits spéciaux (concernant environ 3 % des futurs retraités) disparaîtraient, pénalisant durement ceux, cheminots ou employés de la RATP par exemple, qui avaient accepté par contrat des horaires et des conditions de travail pénibles, en contrepartie d’un départ à la retraite un peu en avance sur les autres travailleurs.
Un âge prétendument pivot serait fixé à 64 ans et, faute de l’atteindre, un travailleur devrait subir un malus sur sa retraite. Cet âge pivot, suggère le projet Delevoye, serait susceptible d’augmenter s’il devenait nécessaire « d’équilibrer » le régime. Tous devraient donc travailler plus longtemps, ou plutôt demeurer plus longtemps au chômage comme c’est le cas pour la moitié des travailleurs seniors.
La prétendue équité réalisée grâce au système d’accumulation de points serait l’arme suprême aux mains du gouvernement. La valeur du point étant à sa discrétion, elle pourrait varier en fonction des économies à réaliser aux dépens des millions de retraités, sous la pression des capitalistes avides de voir l’État leur consacrer ses ressources.
Pour faire passer la pilule amère, Édouard Philippe et ses ministres agitent la maigre augmentation du minimum contributif – la base de pension minimale dans le régime général pour une carrière complète – qui passerait de 970 euros à 1 000 euros. Cela serait encore inférieur au seuil de pauvreté, qui était en France pour une personne seule de 1 041 euros net par mois en 2017.
Le tout est inacceptable !