Réforme des retraites : conférence des dupes05/02/20202020Journal/medias/journalarticle/images/2020/02/P3_2020_01_29_Manif_Retraite_48_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C270%2C5184%2C3186_crop_detail.jpg

Leur société

Réforme des retraites : conférence des dupes

Après des semaines de lutte contre la réforme des retraites, sans que le soutien aux grévistes faiblisse dans le monde du travail et au-delà, le gouvernement a invité les confédérations syndicales à discuter... des modalités d’application de sa réforme.

Illustration - conférence des dupes

La conférence pour le financement des retraites, ouverte le 30 janvier, a en effet pour objet de trouver douze milliards d’euros d’économies sur les retraites, pour combler un déficit qui n’existe que dans les prévisions des économistes. Le gouvernement a défini d’avance que ces milliards ne doivent en aucun cas être pris chez les patrons et que la conférence est censée les avoir trouvés d’ici fin avril. Faute de quoi on en reviendrait à l’âge pivot, c’est-à-dire à la retraite à 64, voire 65 ans, pour commencer. Le Premier ministre a également prévenu que, de toute façon, la retraite par points, modifiée des quelques aménagements arrachés de-ci de-là par la grève, s’appliquerait pour la génération née en 1975. Et, pour bien border la question, cette conférence sans objet ne pourra émettre que des avis consultatifs. En fin de compte, le gouvernement décidera seul.

Macron et Philippe n’invitent même pas les confédérations pour discuter de la sauce à laquelle les retraités seront mangés : ils les convient à venir applaudir le saucier gouvernemental. On est loin de l’époque où des syndicalistes de lutte de classe affirmaient que la retraite des travailleurs, les seuls producteurs de la richesse sociale, devait être entièrement à la charge des parasites de la classe capitaliste. Ce qui était vrai il y a plus d’un siècle l’est pourtant d’autant plus que la richesse de la classe parasite a explosé. Pourtant, les dirigeants des syndicats se précipitent à cette conférence qui commence par exonérer le patronat de toute responsabilité.

Chaque confédération le justifie à sa manière. Laurent Berger, de la CFDT, après avoir accepté tous les reculs et justifié tous les mauvais coups, affirme contre toute vraisemblance : « Le coût de la justice sociale ne se discute pas. » Le bonheur de s’asseoir dans un fauteuil en face d’un ministre non plus, semble-t-il, quel qu’en soit le coût pour les travailleurs.

La CGT, qui a combattu et combat toujours la retraite Macron-Philippe, affirme participer à la conférence pour y faire valoir son point de vue. Elle a même consulté ses organisations à ce sujet et préparé des propositions chiffrées. Mais aucun militant syndical ne peut croire qu’un discours de Philippe Martinez devant les ministres et le patronat sera plus efficace que des semaines de grève et de manifestations.

Quelles que soient les phrases d’accompagnement, la participation des directions syndicales à cette conférence, comme à bien d’autres, conforte le mythe du dialogue social entre partenaires et contribue en cela à désarmer les travailleurs. Leur premier devoir serait, au contraire, d’expliquer comment et pourquoi le grand patronat mène une guerre sociale, sans trêve ni repos, sans dialogue ni partenariat, et d’en tirer les conclusions nécessaires.

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