Chantier du journal Le Monde : “L’esclavage, ça suffit !”04/03/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/03/2692.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chantier du journal Le Monde : “L’esclavage, ça suffit !”

Jeudi 27 février au matin, 35 travailleurs sans papiers du bâtiment se sont lancés dans l’occupation d’un de leurs chantiers : celui du nouveau siège social du journal Le Monde, situé derrière la gare d’Austerlitz, à Paris.

Il n’est plus question pour eux d’accepter les conditions lamentables de travail et de paie imposées par la société sous-traitante Golden Clean qui les emploie.

Chargés du nettoyage des bases-vie des ouvriers pendant la construction, puis du parvis durant les derniers travaux, ils doivent travailler sept jours sur sept, et même parfois la nuit, pour 40 euros par jour. Ils doivent se procurer eux-mêmes les vêtements de travail, les chaussures de sécurité et les masques de protection. Ils n’ont pas de bulletins de paie et leur salaire est parfois réglé en espèces versées de la main à la main. Leur patron n’est pas très regardant sur les papiers quand il s’agit de les exploiter pour un salaire de misère, mais pas question de les régulariser !

Vendredi 14 février, c’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase : en plus de leur nuit travaillée, on demandait à ces travailleurs de faire des heures supplémentaires payées 5 euros de l’heure. Comme certains ont refusé, le patron leur a dit de ne plus revenir sur le chantier et en a recruté de nouveaux. Aidés du syndicat CNT-Solidarité ouvrière, ils ont décidé de riposter.

En occupant le nouveau siège social du Monde, ces travailleurs ont ciblé les vrais patrons du chantier : ceux du Monde, qui ont choisi la multinationale du bâtiment Eiffage pour mener à bien leur chantier, et ceux d’Eiffage, qui ont sous-traité certaines opérations à Golden Clean.

Au bout d’une journée de mobilisation et de cinq heures de négociation en présence du patron du Monde, un accord de principe a été signé entre Golden Clean et un représentant des salariés. Golden Clean disait s’engager à remettre des bulletins de paie, à mettre les salaires en conformité avec la convention collective du secteur, à réintégrer tous les salariés et à lancer des procédures de régularisation des sans-papiers.

L’accord a été signé mais, pas naïfs, les travailleurs ont décidé de ne pas lever l’occupation du chantier avant d’en voir la concrétisation.

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