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Leur société
Guichet ouvert pour le capital
Selon Bruno Le Maire, les mesures en faveur des entreprises, annoncées dès le 9 mars, complétées le 16, coûteront 45 milliards d’euros à l’État. En même temps que le confinement, Macron a annoncé l’ouverture d’un fonds de 300 milliards d’euros pour garantir les emprunts des entreprises.
Le report des cotisations sociales et des impôts, qui se transformera sans doute en annulation pure et simple, la prise en charge des salaires des travailleurs placés en chômage partiel et le fonds d’indemnisation des commerçants et indépendants, bénéficieront à toutes les entreprises, les petites comme les grosses. Ces dernières prendront évidemment la part du lion alors même qu’elles ont les reins assez solides pour traverser la crise. À l’autre bout de la société, les travailleurs précaires qui ont perdu leur emploi et donc leur salaire n’auront pas droit, eux, au moratoire de leur loyer ou de leur facture d’électricité promis aux petits patrons. Mais une partie de ces mesures évitera sans doute que des milliers de commerçants, d’artisans et de PME mettent la clé sous la porte.
Le fonds de garantie de 300 milliards, quant à lui, profitera avant tout aux plus grandes sociétés et aux banques. Dans le monde entier, les gouvernements ouvrent les vannes du crédit comme ils l’avaient fait lors de la crise de 2008. Le gouvernement allemand a mis 550 milliards d’euros sur la table. Les banques centrales, elles, baissent leur taux d’intérêt et se mettent à prêter à certaines grandes entreprises. Sous prétexte d’encourager les banques à prêter aux PME pour leur permettre de traverser l’épidémie, les États leur donnent des moyens supplémentaires de spéculer ou de racheter des concurrents fragilisés.
L’épidémie de coronavirus, parce qu’elle est mondiale, parce qu’elle met à l’arrêt des pans entiers de la production, parce qu’elle pousse tous les gouvernements à la fermeture des frontières et parce qu’elle se répand dans une économie déjà malade, va provoquer une récession économique mondiale. Elle a déjà provoqué l’effondrement du cours du pétrole et des actions des grandes entreprises. Les entreprises du CAC 40 ont ainsi perdu 1 000 milliards d’euros de capitalisation en trois semaines. Un krach financier encore plus violent n’est pas exclu.
Face à cela, les dirigeants du monde entier ont toujours la seule et même réponse : les yeux fixés sur le cours des Bourses, ils ouvrent des crédits, créent de la monnaie pour injecter des capitaux frais dans le système. Ils assouplissent les règles de prudence pour prêter aux financiers de tout poil. Si l’économie réussit à traverser la crise du coronavirus sans s’effondrer, loin de relancer l’économie ces milliers de milliards de dollars ou d’euros cumulés seront un nouveau carburant pour la spéculation.