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Dans le monde
Crise sanitaire : à propos de l’OMS
La correspondance de Marc Peschanski sur l’Organisation mondiale de la santé (OMS), publiée dans le numéro 2699 de Lutte ouvrière et qui reprenait un message adressé à l’origine à ses collègues de travail, a suscité des discussions. Si nous partageons avec ce courrier la conviction que les crises sanitaires et la santé de l’humanité doivent être gérées à l’échelle mondiale ainsi que la dénonciation des moyens dérisoires de l’OMS, il est nécessaire de revenir sur le rôle et la nature de celle-ci.
L’OMS a été mise en place par l’Organisation des Nations Unies (ONU) en 1948. L’ONU elle-même n’est pas une sorte de gouvernement du monde destiné, comme le prétendent ses courtisans intéressés, à œuvrer pour la paix, mais une institution dominée par la bourgeoisie impérialiste. Ses résolutions reflètent les rapports de force fluctuants entre les grandes puissances. Lénine qualifiait la Société des Nations, ancêtre de l’ONU, de « caverne de brigands ». L’OMS, en tant qu’émanation de l’ONU, ne peut être autre chose qu’une mince feuille de vigne destinée à couvrir la brutalité des rapports de domination entre les pays capitalistes développés et les pays pauvres pillés.
Dans la santé comme dans tous les domaines de la vie sociale et économique, une gestion internationale des capacités de production, des ressources humaines, techniques, matérielles, serait nécessaire depuis bien plus d’un siècle. L’actuelle pandémie du coronavirus l’illustre dramatiquement. Mais l’OMS ne peut pas être l’instrument d’une telle planification car elle émane d’un ordre social où les moyens de production, y compris dans le domaine de la santé, sont la propriété de groupes capitalistes privés, en concurrence entre eux. La recherche du profit et la propriété privée, dont les États sont garants, s’opposent à chaque instant à l’intérêt collectif.
D’un côté, le pillage économique de la majorité de la planète par l’impérialisme maintient des centaines de millions de femmes et d’hommes dans le dénuement, les privant d’alimentation saine, d’eau potable et d’accès aux soins les plus élémentaires. De l’autre, la production de médicaments, de vaccins ou d’appareils médicaux est monopolisée par des grands groupes pharmaceutiques mus par le seul profit. Il faut rappeler comment, au début des années 2000, l’Afrique du Sud, le Brésil ou l’Inde ont été traînés devant les tribunaux par les laboratoires occidentaux parce que ces pays voulaient fabriquer des médicaments génériques à bas coût contre le VIH.
L’OMS est financée par les États les plus riches, d’abord par les États-Unis qui versaient 22 % de son budget jusqu’à la décision de Trump de ne plus payer sa contribution. Le fait qu’un Trump puisse, d’un seul geste, lui couper les vivres est significatif de l’impuissance de cet organisme et de sa soumission aux donneurs d’ordre impérialistes.
Si l’OMS est incapable d’empêcher les désastres sanitaires ou d’éradiquer des maladies que les scientifiques savent soigner depuis longtemps, ce n’est pas une question de compétences ou de budget, mais la conséquence du capitalisme et de la domination impérialiste sur le monde. L’humanité ne saura s’organiser à l’échelle de la planète, de façon à satisfaire au mieux l’ensemble de ses besoins, y compris dans le domaine de la santé, et de faire face dans les meilleures conditions à un virus inconnu, qu’en renversant le capitalisme et le règne de la bourgeoisie sur la société.