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Dans les entreprises
Airbus – Toulouse : la crise dans l’aéronautique et la guerre contre les travailleurs
Avec l’épidémie Covid-19, c’est la crise dans toute l’aéronautique. C’est la crise pour les compagnies aériennes qui disparaissent ou font la manche auprès de leur État. Mais c’est aussi la crise pour les avionneurs comme Airbus.
Face à cette crise, c’est aux travailleurs de la filière aéronautique que les patrons d’Airbus et des entreprises sous-traitantes veulent présenter la note. Cette filière représente au moins 70 000 emplois rien que sur la métropole toulousaine avec Airbus, Safran, ATR, Thales, Daher, Derichebourg, Altran... et des dizaines d’autres entreprises.
Les menaces sur les emplois sont réelles chez Airbus comme l’évoque sans le dire clairement le PDG, dans son courrier du 24 avril à l’ensemble des 135 000 salariés du groupe. Avec des accents alarmistes, au nom de la « survie d’Airbus », il envisage « des mesures de plus grande envergure à cause de l’ampleur de cette crise et de sa durée probable ». Que la menace sur les emplois soit réelle ou qu’elle serve à faire accepter aux travailleurs les attaques prévues tout en rassurant les actionnaires et les marchés, les travailleurs sont avertis : c’est à eux que l’on présente la facture.
Cela a d’ailleurs commencé dès le début de l’épidémie. Après quatre jours de fermeture, Airbus a très vite cherché à faire reprendre à tout prix le travail, en particulier dans les ateliers.
Avec l’approbation de certains syndicats, la direction a imposé un accord tel que, crise ou pas, elle y perde le moins possible. Il prévoit des congés imposés, des jours à rattraper jusqu’en 2021, des semaines de chômage partiel, peut-être jusqu’à fin octobre suivant les besoins de la production, avec 8 % de moins sur le salaire net.
Après avoir demandé à toute la chaîne des fournisseurs de réduire leur production de 30 %, et après s’être débarrassé de la majeure partie des intérimaires, les patrons d’Airbus s’attaquent aux travailleurs de la sous-traitance.
Au bureau d’études, vendredi 24 avril, suite au courrier du PDG, il a été recommandé d’interrompre tous les contrats de sous-traitance. Dans certains secteurs, cela a été fait tout de suite. Dans d’autres, cela se fera à la date de fin du contrat. Sur les chaînes de montage, en plus des intérimaires qui ont en partie disparu, il y a aussi des travailleurs sous-traitants sur site, qui s’occupaient de certains postes, et qui ont laissé la place à des ouvriers Airbus.
Ainsi, des milliers de suppressions d’emplois se profilent. Daher, un sous-traitant équipementier aéronautique menace de se débarrasser de 3 000 salariés en France dont 1 300 CDI. Stelia, une filiale d’Airbus qui produit notamment les pointes avant des avions, a fermé son site de Mérignac et mis tout le monde au chômage partiel jusqu’en octobre. Mais des sous-traitants, eux, ont mis la clé sous la porte ou ont perdu leur contrat.
Dans les usines de Toulouse, cette incertitude sur l’avenir pèse sur l’ambiance en particulier chez les derniers embauchés. Cela s’ajoute aux circonstances liées à l’épidémie, qui a déjà fait des victimes dans le personnel.
« L’esprit d’entreprise » que le patron invoque à toutes les occasions, ne fait plus illusion auprès de bon nombre de travailleurs et cache mal la réalité de l’aggravation de l’exploitation. Beaucoup de discussions vont dans ce sens, et ce que prévoient les patrons d’Airbus ne passera peut-être pas comme une lettre à la poste. De ce point de vue, les travailleurs de la chaîne NH d’Airbus Helicopters à Marignane, qui ont refusé la différence de traitement entre les équipes, montrent la voie.