Travail saisonnier : le persil de la colère05/05/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/05/2701.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

La société en crise

Travail saisonnier : le persil de la colère

C’est la saison du persil, et de nombreux travailleurs, de toutes nationalités, sont employés dans des centres pour trier et expédier le persil vers les grands magasins.

En Alsace, le travail de tri a lieu à la chaîne, dans un hangar de maraîcher. Des cagettes de persil plat ou frisé arrivent, qu’il faut trier, peser, mettre en bouquet, vérifier et mettre en caisse. Les beaux discours sur la sécurité au travail et les mesures d’hygiène sont loin d’être appliqués. À l’arrivée au travail, la température de chacun est prise, mais n’est pas donnée à voix haute, donc on ne sait pas ce qu’affiche le thermomètre. Il y a bien du gel hydroalcoolique à l’entrée avec un panneau disant qu’il est obligatoire de s’en servir mais une fois près du tapis, il n’y en a plus. Sur chaîne, les postes sont censés respecter les mesures de distance. En réalité, il y a trois personnes de chaque côté du tapis, travaillant debout, à 30 ou 50 cm les unes des autres, toute la journée, sans masques. Elles sont encore plus serrées quand une personne supplémentaire est installée sur un poste pour trier la même cagette, pour aller plus vite. Et aucun test n’est fait pour savoir si certaines ont ou non le virus.

Si des travailleurs se sentent mal, il y a la pression des chefs, qui n’hésitent pas à dire qu’on « pollue l’équipe » et qu’on ne va pas assez vite. Venant pour une saison, les travailleurs sont logés. S’ils demandent une autorisation de déplacement à l’employeur pour aller faire des courses, la réponse est qu’on ne devrait pas sortir. Ils devraient donner leurs listes de courses le mardi pour que celles-ci arrivent seulement le jeudi. Cela n’empêche pas de les faire travailler et dormir les uns sur les autres, sans test, sans masques, sans sécurité. Et dans les chambres, il peut y avoir jusqu’à trois lits, les uns à côté des autres.

Dans cette société de patrons, la santé des travailleurs passe après la productivité et les profits !

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