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Dans le monde
Lesbos : enfermement criminel
Dans la nuit du 8 au 9 septembre, un incendie s’est déclaré dans le camp de Moria dans l’île grecque de Lesbos. D’après un réfugié interviewé par Infomigrants, c’est la présence d’agents venus faire des tests Covid 19 qui aurait déclenché la colère de résidents.
Ils refusaient cet examen et la perspective de voir le confinement se prolonger une fois de plus alors que la détection de 35 cas de Covid avait déjà entraîné la mise du camp en quarantaine. Affrontements, intervention de la police, gaz lacrymogènes : cette échauffourée, qui n’était pas la première, a été suivie cette fois d’un embrasement général.
Plus de 12 000 migrants, dont plusieurs milliers d’enfants, se sont retrouvés sur la route bloquée par des cars de police les empêchant de marcher vers Mytilène, la capitale de l’île. La plupart ont tout perdu. Dormant à même le sol, ils sont restés plusieurs jours sans nourriture, sans eau, sauf à des robinets de stations-service par ailleurs fermées. Le 13 septembre, des centaines de femmes ont manifesté avec leurs enfants pour réclamer de la nourriture, mais surtout leur transfert sur le continent et la fin de ces camps de détention où les réfugiés attendent, parfois depuis deux ans, ou plus, qu’on statue sur leur sort.
La réponse du gouvernement très à droite de Kyriakos Mitsotakis, a été purement sécuritaire : envoi de renforts de police, avec gaz lacrymogènes, canons à eau, fourgons cellulaires. Il a été décidé de construire un nouveau camp de toile, bloqué par la police, à quelques kilomètres de l’ancien, pouvant contenir au moins 5 000 personnes. Pour le moment, 800 migrants ont accepté d’y être hébergés. Selon la presse, les services de renseignement ont aussi été sollicités pour enquêter sur cet incendie aux multiples départs de feux, attribués à un groupe de mafieux.
Mais, si le gouvernement grec s’apprête à reconstruire de nouveaux Moria, et pas seulement à Lesbos, c’est l’Union européenne qui en est le commanditaire. Les gouvernements européens payent pour que les pauvres soient parqués le plus loin possible de leurs frontières, en sachant parfaitement que ces centres deviendront des prisons à ciel ouvert.
Cela rend d’autant plus infect leur apitoiement de circonstance sur le sort des rescapés de Moria. Pour le moment, seul le gouvernement allemand a proposé d’accueillir 1 500 réfugiés.Mais la Commission européenne s’est seulement déclarée prête à financer le transfert immédiat et l’hébergement de 400 adolescents non accompagnés de Lesbos sur le continent…grec !
Quant au gouvernement français, il se distingue : le secrétaire d’État aux Affaires européennes a déclaré qu’il pourrait accueillir une centaine de migrants, notamment des mineurs isolés. C’est ce qu’il appelle « une réponse d’urgence et d’humanité » !
Une réponse où le dérisoire le dispute à l’odieux.