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Dans le monde
Vaccination : la population des pays pauvres livrée au virus
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en place un programme, appelé Covax, visant à vacciner un milliard de personnes dans les pays pauvres d’ici à la fin de l’année 2021. Mais, jusqu’à présent, moins de 40 millions personnes l’ont été.
Les dirigeants des grandes puissances ont fait de grandes déclarations sur la lutte mondiale nécessaire contre le virus, mais ils laissent ces pays être ravagés par l’épidémie sans aucun moyen. Covax manque de tout, et d’abord d’argent. Des milliards de dollars ont été promis par les pays riches, les émirats pétroliers, des entreprises ou des fondations privées. Ces dons ont été très médiatisés, mais n’étaient que des promesses.
Fin mai, l’OMS a annoncé avoir besoin de deux milliards de dollars avant le 2 juin pour pouvoir bloquer ses contrats d’approvisionnement de vaccins auprès des laboratoires comme Pfizer, Moderna ou Johnson&Johnson. Les besoins de fonds sont tels que l’Unicef a lancé un appel au grand public, expliquant que 3 euros permettent d’acheter une dose de vaccin à prix coûtant.
En réalité, le prix coûtant ne concerne que les doses à destination des pays les plus pauvres. Pour celles à destination des pays dits en voie de développement, Covax n’a droit qu’à une réduction, les laboratoires se préservant encore une marge.
À cela se sont ajoutées les conséquences de l’explosion de l’épidémie en Inde. Ce pays est le premier producteur de vaccins au monde, et il devait livrer la moitié de sa production à Covax. Mais, depuis mars, toute la production est restée en Inde. Alors, depuis, tous les plans de vaccination dans les autres pays pauvres sont suspendus. Or la tournure prise par l’épidémie y est aussi catastrophique qu’en Inde, notamment en Asie du Sud et dans certains pays d’Amérique.
Devant l’urgence, le directeur général de l’OMS vient de demander aux pays riches de livrer à Covax les doses qu’ils avaient promises. Les États-Unis, pays ayant acheté le plus de doses au monde, plus que la population du pays, n’en ont pour l’instant livré aucune, et viennent juste d’annoncer qu’ils en donneraient 80 millions d’ici fin juin. L’OMS a aussi demandé aux laboratoires que Covax puisse récupérer 50 % des doses produites et qui ont déjà été payées.
Dans ces pays où les systèmes de santé sont presque inexistants, où le nombre de lits de réanimation est extrêmement faible, quand il y en a, le vaccin est la seule solution pour éviter les morts, mais même les soignants ne peuvent être vaccinés. Et il y a d’autres dégâts collatéraux. Le manque d’investissement des grands laboratoires pharmaceutiques a engendré une pénurie de vaccins dits de routine, comme ceux contre la rougeole ou la poliomyélite. 80 millions d’enfants de moins d’un an n’ont pas reçu leur vaccination. Et déjà il y a des flambées de rougeole au Pakistan, au Congo et au Yémen.
L’OMS supplie les dirigeants des grandes puissances et les laboratoires pharmaceutiques, en leur rappelant que les frontières n’arrêtent pas le virus, mais sans résultat. En fait, des centaines de milliers de morts supplémentaires sont déjà programmées. Pas seulement à cause d’un virus et de ses mutations, mais aussi à cause de la rapacité des actionnaires des trusts pharmaceutiques, de l’incurie des dirigeants des pays riches et du sous-développement, fruit de décennies de domination impérialiste.