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Dans les entreprises
Aéroports de Paris : fin de la première manche
Vendredi 16 juillet, cinq semaines après le premier week-end de mobilisation, les travailleurs d’ADP se sont encore retrouvés à 250 à Roissy et une centaine à Orly. Ils ont suspendu leur mouvement, avec le sentiment de ne pas avoir baissé la tête.
Ils se battent contre les baisses de salaire que la direction veut imposer. Celle-ci, après avoir tenté sans succès, il y a un an, d’obtenir un « accord de performance collectif », a imposé aux travailleurs des modifications individuelles de contrat qui aboutissent à des baisses de salaire de plusieurs centaines d’euros. Refuser cet avenant implique d’être menacé de licenciement. Face à cette tentative d’individualisation, la réaction a été collective. Les temps forts avaient lieu les week-ends. Au plus fort de la mobilisation, le 2 juillet, 60 % des travailleurs se sont mis en grève, et les manifestants étaient 1 200, sur un effectif de 5 300.
La direction a multiplié les mensonges dans les médias et les fausses annonces pour diviser et démobiliser les grévistes. La police a été mise à contribution dans le même but, multipliant les sanctions. Mais plus les semaines passaient, plus les travailleurs d’ADP affirmaient que les baisses de salaire étaient inacceptables, et qu’elles devaient être annulées.
Le 13 juillet, la direction a trouvé deux syndicats pour signer un protocole de fin de conflit dans lequel les principaux reculs demeurent. Cela n’a pas empêché une nouvelle journée de grève et de manifestation le 16. À Roissy, plusieurs grévistes ont pris la parole pour affirmer leur fierté de s’être battus et d’avoir créé des liens. Pour tout le monde, ce n’est que la fin de la première manche, et rendez-vous a été pris en septembre.
Cette attaque de la direction d’ADP s’inscrit dans une offensive de l’ensemble des patrons. Ceux-ci cherchent à faire les poches des travailleurs pour maintenir leurs profits. La crise du Covid-19 n’a fait qu’accélérer ce vol organisé. Dans ce contexte, les patrons regardaient si le fait d’attaquer les contrats de travail à ADP allait provoquer des réactions.
Cet enjeu, qui dépassait donc leur entreprise, a été compris de plus en plus clairement par une partie des grévistes. Certains se sont adressés aux autres travailleurs de l’aéroport, dans des dizaines d’entreprises différentes. Ils ont pu mesurer à quel point leur lutte était populaire. Ils ont aussi pu voir que le sentiment d’avoir des intérêts spécifiques à chaque entreprise avait reculé chez les travailleurs. Nombreux étaient ceux qui affirmaient : « Nous avons tous les mêmes problèmes ».
Désormais, les grévistes sont mieux préparés pour les prochains combats.