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- Lutte ouvrière n°2764
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Dans les entreprises
PSA – Poissy : des intérimaires volés
En mai et en juin, à la suite de manques de pièces, l’usine PSA de Poissy a été mise en chômage partiel, quatre ou cinq jours selon les équipes de travail. Alors que cela est dû à l’aberration du marché capitaliste et au mode d’organisation de PSA, tout a été fait pour que les travailleurs payent au maximum les conséquences. Les travailleurs intérimaires ont été les plus volés.
Pour les ouvriers embauchés par PSA, ces jours non travaillés n’étaient payés que 84 % du salaire, ce qui est pour le patron une façon de leur faire subir les conséquences des aléas de la production. Chez des sous-traitants comme GSF et Trigo, les travailleurs en CDI se sont vu obligés de poser des jours de congés.
Mais le pire est que des intérimaires qui occupent souvent les postes les plus difficiles sur les chaînes de montage se sont retrouvés avec des paies plus faibles en mai et juin. Certains intérimaires de Trigo ont touché 900 euros pour le mois de mai. C’est un vol inacceptable.
Pour voler ainsi des centaines de travailleurs intérimaires, il a suffi de les renvoyer juste avant la période de chômage partiel et de les reprendre juste après. Dans ce but, la direction de PSA multiplie les contrats très courts, renouvelés souvent. Ce n’est pas nouveau, mais c’est un mensonge sur les motifs d’emploi des intérimaires car théoriquement il n’est pas possible de multiplier les contrats pour « accroissement temporaire d’activité ».
Trigo développe cette technique depuis longtemps : une semaine maximum avec la possibilité légale de mettre fin au contrat un ou deux jours en avance. Il arrête parfois les contrats des intérimaires juste avant les périodes de chômage partiel pour les reprendre juste après et leur voler ainsi leur paie. Certains ont même été prévenus par SMS de leur date de fin de contrat, sans plus de procédure.
Pour ajouter encore à la division entre travailleurs se côtoyant sur les mêmes postes, les patrons jouent sur les conventions collectives différentes. Celle de la métallurgie chez PSA comporte un 13e mois qui n’existe pas chez Trigo, rattaché aux services, alors qu’il s’agit d’un sous-traitant automobile.
Ainsi, entre les jours volés, les différences sur les conventions, les congés, il est particulièrement compliqué de s’y retrouver dans les fiches de paie. Mais les travailleurs lésés ne sont pas tombés dans ces pièges. Certains ont exprimé leur colère. Et bien des ouvriers en CDI ont été indignés de voir les intérimaires se faire voler.
Face aux protestations, le directeur de l’usine s’est engagé « à rappeler les règles aux agences d’intérim ». Par contre, il a refusé de s’occuper des sous-traitants. Comme si PSA n’était pas le donneur d’ordres ! Certaines de ces entreprises de sous-traitance ont même été créées par d’anciens cadres PSA.
Les intérimaires qui ont réussi à se faire payer les jours volés en mai et juin ont dû batailler. Certaines sociétés d’intérim ne fonctionnent plus que par Internet. Ensuite ses agences renvoient vers un numéro de téléphone du service central de paie... qui ne répond pas.
Il est scandaleux qu’il ait fallu se battre autant pour obtenir d’être payé normalement. Mais à travers ce type d’épisodes, des liens se sont noués entre ceux qui ont dû aller s’épauler d’une boîte d’intérim à l’autre, ou avec les embauchés avec lesquels ils pouvaient comparer leur fiche de paie. De quoi rappeler que les 600 intérimaires et les 3 000 salariés en CDI de PSA ont les mêmes intérêts, les mêmes adversaires et représentent une force tous ensemble.