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- Lutte ouvrière n°2773
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Leur société
EPR : autorisé mais toujours pas terminé
L’EPR, le nouveau réacteur en construction à Flamanville, vient de recevoir de l’État l’autorisation d’exploiter le site nucléaire. Cela vient de paraître au Journal officiel, mais cela ne change rien.
L’EPR est toujours en construction. Évaluée au départ à 3,3 milliards d’euros, la facture se monte maintenant à 19,1 milliards, soit 5,8 fois plus, dont 4,2 milliards de frais financiers. Et ce n’est pas fini, car il reste encore des travaux à faire. L’EPR ne sera pas prêt, selon les plus optimistes, avant fin 2022 !
La liste des imperfections est interminable et il serait fastidieux de l’énumérer, mais on peut se demander pourquoi tant de retards et tant de dépenses. La réponse est assez simple. Au départ, ni EDF ni Framatome (devenu Areva par la suite, puis de nouveau Framatome) ne savait plus construire de centrales nucléaires. Cela faisait des années qu’ils avaient cessé d’en faire et le personnel compétent n’était plus là. L’usine de Creusot Loire, qui fabriquait la grosse chaudronnerie (les cuves recevant le combustible nucléaire), avait été revendue et découpée. Lorsqu’on a voulu la remettre en marche, non seulement les travailleurs qualifiés n’étaient plus là, mais une partie de la direction n’a pas hésité à maquiller certains résultats qui lui paraissaient défavorables. En outre, EDF a sans cesse fait appel à des sous-traitants pas toujours suffisamment au niveau, sauf pour encaisser l’argent.
En fait, Areva s’est lancé à toute allure dans la construction d’un prototype qu’elle ne savait pas faire, comptant sur le fait qu’on apprendrait en le faisant, tout cela en espérant réaliser une superbe opération financière. C’était avant la catastrophe de Fukushima, le nucléaire était dans le vent et des concurrents se profilaient à l’horizon. Il fallait réaliser avant les autres un nouveau réacteur que tout le monde viendrait acheter. Ce n’était pas une opération scientifique ni technique, c’était un pur calcul capitaliste qui se termine par le plus impressionnant des fiascos. Et encore, tout n’est pas terminé.
Les partisans des capitalistes les défendent parfois en prétendant que, s’ils font des opérations risquées, le risque est pour eux. Mais, dans cette affaire, les seuls qui vont payer sont les contribuables et les usagers.