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- Lutte ouvrière n°2774
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Leur société
Devant la hausse des prix : augmentation des salaires et des pensions !
Plus 12,6 % d’augmentation pour le tarif régulé du gaz au 1er octobre, plus 20 % sur le prix moyen de l’essence depuis un an, augmentation en cours du prix du pain et des pâtes : la flambée des prix frappe les classes populaires.
Craignant que ces hausses spectaculaires ne provoquent la colère de dizaines de milliers de ménages en difficulté, le gouvernement a promis pour décembre un versement supplémentaire de 100 euros du chèque énergie. Ce chèque soulagera un tout petit peu les six millions de personnes qui peuvent en bénéficier. Mais il reste dérisoire devant les hausses des factures de gaz et d’électricité. Il est d’abord destiné à montrer que Macron se préoccupe du pouvoir d’achat à quelques mois de la présidentielle. Surtout, ce chèque payé par la collectivité est une façon d’esquiver le problème réel : le refus du patronat d’augmenter les salaires.
Depuis des années, les salaires sont bloqués. Ils sont même à la baisse, car dans de multiples secteurs, les emplois retrouvés sont moins qualifiés et moins bien payés que ceux perdus. Dans l’hôtellerie et la restauration, confrontées à une pénurie de main-d’œuvre depuis la sortie des confinements, patronat et gouvernement sont obligés d’en convenir : les salaires sont trop faibles pour des conditions de travail difficiles et des horaires à rallonge. En guise de réponse, Macron vient d’inventer la défiscalisation des pourboires payés par carte bleue, ce qui ne concernera probablement pas beaucoup de serveurs ! Revenir à la rémunération des serveurs au pourboire et faire prendre en charge une partie de leur salaire par des exonérations d’impôts, les patrons de la restauration ont aussitôt applaudi.
Avec ce gadget sorti du chapeau, Macron est dans la droite ligne de tous les gouvernements qui multiplient depuis des décennies les baisses de la TVA, d’autres impôts ou des cotisations. C’est aussi le discours tenu par de nombreux prétendants à l’Élysée. Pour Marine Le Pen, « augmenter les salaires, c’est faire peser une charge sur des entreprises ». Comme les autres, elle propose de baisser les cotisations sociales ou encore de supprimer une partie de la TVA ou des taxes sur l’énergie. Valérie Pécresse, comme Dupont-Aignan, souhaite une augmentation des salaires net de 10 %, mais en baissant d’autant les « charges salariales », autrement dit en vidant un peu plus les caisses de retraite ou de l’assurance maladie.
Devant l’inflation qui revient en force, quelles que soient ses causes, spéculations, désorganisation du marché, pénuries, qu’elle soit conjoncturelle ou durable, la seule réponse acceptable pour les travailleurs est une augmentation des salaires et des pensions. Ces augmentations doivent entièrement être financées par le patronat, en lui imposant de les prélever sur ses bénéfices. Pour augmenter les retraites et les autres pensions, il faut augmenter les cotisations patronales et leurs impôts, pas les baisser. Les travailleurs ne font pas la manche. Ils ne veulent pas des bons d’achat ou des chèques énergie. Eux qui font fonctionner toute la société doivent pouvoir vivre dignement de leur travail et donc de leurs salaires qui doivent être indexés sur le coût réel de la vie.