Grande-Bretagne : l’absurdité du Brexit29/09/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/10/2774.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grande-Bretagne : l’absurdité du Brexit

Confronté à une pénurie de main-d’œuvre, en particulier de chauffeurs routiers, qui entraîne des ruptures d’approvisionnement dans les magasins, Boris Johnson va délivrer en urgence 10 500 visas à des travailleurs étrangers.

En 2016, l’actuel Premier ministre britannique a été l’un des artisans du vote pour le Brexit. Par calcul politicien face à ses concurrents dans son propre parti, le Parti conservateur, et par surenchère xénophobe face au parti d’extrême droite UKIP, il expliquait alors aux travailleurs britanniques que les responsables de leurs bas salaires et de leurs conditions de vie difficiles étaient les travailleurs venus de l’Union européenne. À l’en croire, en quittant l’UE et chassant les travailleurs étrangers, tout irait mieux pour les Britanniques.

Maintenant que le Brexit est effectif, les conditions d’entrée pour les Européens qui souhaitent venir travailler en Grande-Bretagne se sont durcies. Du fait de la pandémie et des confinements successifs, nombre de travailleurs étrangers, européens ou autres, qui étaient rentrés provisoirement chez eux, se heurtent à des barrières administratives pour revenir. Plusieurs centaines de milliers d’autres ont quitté la Grande-Bretagne pour de bon. Par démagogie xénophobe, le gouvernement britannique a rendu difficile l’installation dans le pays. Il manquerait aujourd’hui quelque 100 000 chauffeurs dans le transport routier et de nombreux travailleurs dans l’agroalimentaire, en particulier dans les abattoirs. Ce sous-effectif se traduit par des rayons vides dans les supermarchés et la crainte d’une pénurie d’essence. Et, comme toujours, les menaces de pénurie entraînent la spéculation et l’augmentation des prix, dont pâtissent d’abord les classes populaires.

En Grande-Bretagne comme en France ou ailleurs, l’industrie, l’agriculture, le transport, les services de santé ne peuvent fonctionner que grâce à des dizaines de millions de travailleurs anonymes, qualifiés ou pas, titulaires ou précaires, nationaux ou étrangers. Plus les conditions de travail sont difficiles et ingrates, plus la proportion de travailleurs étrangers et précaires augmente. Sans surprise, depuis le Brexit, les patrons britanniques n’ont ni augmenté les salaires ni amélioré les conditions de travail dans le transport routier ou dans les abattoirs.

Ce que démontre la crise en cours, c’est que chaque travailleur est indispensable. À l’inverse, les politiciens à la Boris Johnson, qui sèment la division entre les opprimés en prônant les vertus du protectionnisme et du repli national, sont des apprentis sorciers dont les travailleurs doivent se méfier dans tous les pays et dans toutes les langues.

Partager