Le dernier épisode a eu lieu le 24 novembre, avec le tournage en direct par CNews de l’émission Face à la rue avec Jordan Bardella, porte-parole du RN.

La Guillotière est un lieu de passage historique pour les nombreux immigrés qui arrivent dans l’agglomération. Sur la place Gabriel-Péri, dite « place du Pont », au centre du quartier, de nombreuses personnes, Roms, immigrés récents venus du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne, revendent des objets usagés, des vêtements, du vieil électroménager voire de la nourriture. Parallèlement à cette économie de survie, des vendeurs proposent des cigarettes de contrebande, un trafic qui profite surtout à de plus gros bonnets.

Ces vendeurs de cigarettes, sans papiers, venus pour la plupart d’Algérie, tentent de se faire un petit pécule, parfois pour acheter un vélo avant de travailler comme livreurs. Mais les places sont chères et des bagarres de plus en plus violentes éclatent. Pour tenir, certains consomment des médicaments utilisés en psychiatrie et qui rendent agressif. Cette détérioration de la situation est de plus en plus lourde à accepter pour les habitants et les commerçants du quartier. Depuis le 19 novembre, le maire fait occuper le terrain par de nombreux policiers. Les revendeurs sont partis s’installer dans d’autres quartiers.

Dans ce contexte, le journaliste Jean-Marc Morandini a fait venir Bardella, du RN, pour répondre à des « riverains », cadres du RN qui vivent loin de la Guillotière, le seul commerçant du quartier interviewé étant lui aussi marqué à l’extrême droite. Les policiers et CRS, en nombre, ont bloqué les habitants qui voulaient dire devant les caméras de télévision que le problème n’était pas l’immigration et tous ceux qui manifestaient contre cette récupération politicienne abjecte.

Cette démagogie réactionnaire ne fait que jeter un peu plus d’huile sur le feu. En refusant de les régulariser, les dirigeants de l’État obligent les sans-papiers à survivre avec des expédients ou à se faire surexploiter chez Uber et Deliveroo. La dégradation de quartiers pauvres comme la Guillotière est à l’image d’une société toujours plus dure et du creusement des écarts entre riches et pauvres, une société qu’il faut changer.