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Rémi Fraisse : l’État jugé responsable, mais pas coupable
Jeudi 25 novembre, le tribunal administratif de Toulouse a admis « la responsabilité sans faute de l’État » dans la mort de Rémi Fraisse, allant même jusqu’à considérer que la victime avait commis « une imprudence fautive ». Le jugement considère donc que si Rémi Fraise est mort, ce serait de sa faute !
L’affaire remonte à 2014, alors que des milliers de manifestants se rassemblaient les weekends pour protester contre le projet du barrage de Sivens, dans leTarn. Dans la nuit du 25 au 26 octobre, Rémi Fraisse, un manifestant de 21 ans, était tué par l’explosion d’une grenade offensive lancée par un gendarme.
Après une commission d’enquête parlementaire, une enquête judiciaire, et finalement une décision de la cour d’appel de Toulouse en janvier 2020, la justice avait choisi d’enterrer l’affaire en dépit des déclarations du gendarme auteur du tir, qui reconnaissait avoir utilisé ce type de grenades, reconnues particulièrement dangereuses. L’enquête avait aussi conclu que la grenade, censée être utilisée au sol, avait été tirée en cloche, ce qui explique qu’elle se soit retrouvée entre le corps de Rémi Fraisse et son sac à dos.
Si l’État est condamné à verser 14 400 euros à chacun des deux parents pour la mort de leur fils, 9 600 euros à sa sœur et 4 000 à ses grands-mères, il n’est en fait jugé coupable de rien. Dans un communiqué, la famille du jeune manifestant a dénoncé à juste titre un verdict qui constitue « une dénégation criante de la réalité », affirmant qu’elle continuera à se battre « pour l’honneur de Rémi et pour toutes les victimes de la violence d’État ». Cette décision de justice vient confirmer que leur combat est légitime et indispensable.