Les travailleurs sont évidemment touchés par le sort de la population d’Ukraine qui subit une guerre atroce. Mais quand c’est le patron qui se met à leur parler de mobilisation et de solidarité, cela sent l’arnaque et la réaction est, à juste titre, la méfiance.

Quand ils exigent des salaires qui leur permettraient de vivre dignement, ce n’est plus de solidarité que le patron parle mais bien de compétitivité, prétendant qu’augmenter les salaires ne serait pas possible. À Hutchinson, les salaires à l’embauche sont au smic et atteignent, après dix ou vingt ans d’ancienneté, 1 400 à 1 500 euros primes comprises, juste de quoi vivre alors que les prix explosent ! Pour tous les travailleurs et une grande partie de la population, il devient de plus en plus dur de faire le plein ou se chauffer.

La solidarité de ces patrons est de la publicité pour se donner une image charitable et les travailleurs n’en sont pas dupes. Au premier trimestre 2022, le groupe pétrolier Total annonce un bénéfice record de près de 5 milliards de dollars. Ce bénéfice, plus élevé que prévu, est bien parti pour battre le record de 2021 de 15 milliards d’euros.

Ces profits sont en partie le produit de la spéculation, mais ils proviennent aussi de l’aggravation de l’exploitation, des suppressions d’emplois, des salaires au rabais. Les cadences dans les usines Hutchinson sont toujours très hautes, impossibles à tenir dans certains secteurs. Dans certaines usines du groupe, les travailleurs sont mis au chômage partiel certains jours de la semaine, et les autres jours ils doivent trimer comme des fous.

Et c’est aux travailleurs qui ont sué ces profits que Total et Hutchinson osent encore demander de faire le sacrifice de leurs congés ! Alors que ces profiteurs de guerre spéculent et s’enrichissent déjà sur leur dos et sur le sang des peuples, profitant de l’aubaine qu’est pour eux le conflit ukrainien…