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- Lutte ouvrière n°2806
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Leur société
Partis de gauche : la Nupes en marche, marché de dupes
Mélenchon se verrait bien Premier ministre de Macron. C’est l’objectif qu’il a donné à la Nupes, cette Nouvelle union populaire écologique et sociale qui regroupe les Insoumis, les Verts, le PC et le PS, réunie en meeting à Aubervilliers le 7 mai.
Tout en tenant des discours sur une « nouvelle page de l’histoire de France en train de s’écrire », sur la nécessité d’une « rupture avec le libéralisme », Mélenchon voudrait s’inscrire dans la tradition de la Ve République qui, à partir de 1986, a connu trois périodes pendant lesquelles le président et le Premier ministre n’ont pas été de la même couleur politique, ce qu’on appelle la cohabitation. La dernière en date s’est déroulée de 1997 à 2002, entre un président de droite, Chirac, et un Premier ministre socialiste, Jospin. Mélenchon a participé durant ses deux dernières années à ce gouvernement de la « gauche plurielle », comme on l’appelait alors, au côté de ministres communistes. « On ne s’en est pas trouvé si mal que ça », a-t-il déclaré, commentant cette cohabitation, « cela a donné les 35 heures sans perte de salaire, le plus gros prélèvement sur le capital qui ait jamais été fait dans ce pays ! »
Oubliée la fermeture de l’usine Renault de Vilvoorde, en Belgique, contre laquelle Jospin avait manifesté avant de devenir Premier ministre. Oubliée aussi l’annualisation du temps de travail inscrite dans une loi sur les 35 heures qui en réalité a surtout permis aux patrons de développer la flexibilité des horaires. Contrairement à ce que prétend Mélenchon, non seulement le capital n’y a rien perdu, au contraire il s’en trouve, encore aujourd’hui, renforcé pour rendre le travail plus précaire. Oubliée la montée du chômage, des emplois précaires, des licenciements. Oublié enfin le fait que le gouvernement Jospin était devenu le champion de la privatisation d’entreprises, dépassant de loin ses prédécesseurs de droite. Suite à ces reniements, le discrédit de la gauche était tel que Jospin n’avait pas réussi à se qualifier au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2002 et à devancer Le Pen père.
Mélenchon prétend que, en élisant une majorité de députés de la Nupes, il sera possible d’empêcher Macron de mettre en œuvre son programme. « Un autre monde est toujours possible », proclame-t-il, après l’avoir déjà dit au moment de la présidentielle. Mais la politique que Macron entend mettre en œuvre est celle qu’exige de lui la bourgeoisie et qu’elle imposera au chef du gouvernement quel qu’il soit. Elle dispose pour cela de sa puissance sociale, fondée d’abord et avant tout sur la propriété privée des grands groupes industriels, commerciaux et financiers. Elle peut s’appuyer sur ses liens avec l’appareil d’État qui, des hauts fonctionnaires jusqu’au policier de base, a pour fonction de défendre son ordre social.
Pour changer vraiment la société, mais même pour simplement défendre leurs conditions de vie, les travailleurs ne pourront compter que sur leur capacité à se mobiliser, à s’organiser sur leur terrain de classe pour faire valoir leurs intérêts. C’est ainsi seulement qu’ils pourront rendre possible un autre monde.