Programme alimentaire : affamés et affameurs22/06/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/06/2812.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Programme alimentaire : affamés et affameurs

Le Programme alimentaire mondial (PAM), géré par l’ONU, a annoncé le 19 juin qu’il allait réduire les rations alimentaires des réfugiés en Afrique, faute de financement suffisant pour acheter des vivres.

Ces restrictions frappent déjà l’Afrique de l’Est (Éthiopie, Kenya, Soudan du Sud) où les rations ont été réduites de 50 %, ainsi que le Sahel (Burkina Faso, Tchad, Cameroun, Mali, Mauritanie, Niger). Elles vont s’étendre à l’Angola, au Mozambique, au Congo et au Zimbabwe.

Deux raisons immédiates s’additionnent pour créer cette situation dramatique. D’un côté, les besoins ne cessent d’augmenter, avec de plus en plus de réfugiés et de déplacés, à cause des guerres, des razzias des bandes armées ou des aléas climatiques. Ainsi, une grave sécheresse persiste sur la Corne de l’Afrique, ce qui, selon le PAM, pourrait faire passer de 14 à 20 millions, le nombre de personnes souffrant de la faim dans cette région. Dans l’ensemble de l’Afrique, entre 250 et 280 millions de personnes seraient sous-alimentées. De l’autre côté, la spéculation sur les céréales, amplifiée par la guerre en Ukraine et par une sécheresse exceptionnelle en Inde, fait flamber les prix du blé ou du riz. Entre décembre 2021 et mai 2022, le cours de la tonne de blé est passé de 300 à 450 dollars et il continue de s’envoler. Pour les courtiers en grains et les géants de l’agro-industrie, les Cargill, Louis-Dreyfus ou autre Glencore, la guerre et les sécheresses sont des opportunités pour muscler leurs profits en organisant les pénuries et, derrière elles, la famine. Pour les États ou pour les associations humanitaires, acheter des stocks de nourriture pour nourrir la population démunie est un défi qui coûte de plus en plus cher.

Pour autant, les sommes nécessaires pour faire face aux besoins immédiats ne sont pas si faramineuses. Pour éviter la famine au Soudan du Sud, où deux habitants sur trois ont recours à l’aide alimentaire, le PAM aurait besoin de 426 millions de dollars pour les six prochains mois. Même s’il fallait multiplier cette somme par cinq, voire par dix, pour couvrir l’ensemble des besoins en Afrique pour l’année à venir, cela resterait bien modeste. Ainsi le Sipri, l’institut international pour la Paix, vient de publier son rapport annuel : en 2021, plus de 2 000 milliards de dollars ont été consacrés aux dépenses d’armement dans le monde. En comparaison, les besoins du PAM sont une goutte d’eau.

Entre nourrir la population de la planète ou accumuler les moyens pour la faire s’entre-tuer, les dirigeants du monde capitaliste ont fait leur choix.

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