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Dans les entreprises
Crèches : les bébés en danger
Le décès d’un bébé dans une crèche a provoqué un choc qui a délié les langues. Manque de personnel, économies sur la nourriture ou les couches, chauffe-biberons défectueux : après le scandale du traitement des anciens en Ehpad, va-t-on voir un scandale des bébés en crèche ?
Dans le public, la volonté de faire des économies sur le fonctionnement des structures a provoqué une dégradation des conditions de travail et d’accueil des bébés. À partir des années 2000, l’État s’est défaussé de ses promesses de création de places de crèches sur le privé et celui-ci s’est emparé de cette activité pour en faire une source de profit.
Des groupes se sont constitués, comme Babilou ou People & Baby. Tous ont profité et continuent à profiter des subventions de la Caisse d’allocations familiales pour leur installation et leur fonctionnement. Ils profitent aussi de l’argent public au travers de la réservation de places en berceau par les entreprises et certaines collectivités. En effet les entreprises profitent de subventions et de crédits d’impôt lorsqu’elles proposent à leurs salariés des places de crèche. Les entreprises ne payent au final que 20 % du coût tandis que les crèches privées assurent ainsi l’occupation de plus d’un tiers des places, dont elles fixent librement le prix.
La conclusion conjointe des Inspections générales des impôts et de celle des affaires sociales sur les crèches privées de 2017 est sans appel : « Les niveaux de rentabilité, nettement supérieurs aux autres acteurs économiques, sont obtenus grâce à l’appui d’une forte mobilisation des financements publics. »
Depuis que ces structures ont fait preuve de leur rentabilité, elles attirent de grands groupes comme Sodexo ou, moins connu, Antin Infrastructure Partners, qui contrôlent des milliers de crèches. Les récents cas de maltraitance ont amené des parents et des salariés à exprimer leur colère. L’argent public doit servir à financer les crèches publiques, et pas à enrichir des actionnaires du privé.