Cette menace explique la persistance des grèves et l’émergence, en parallèle, d’autres formes de protestation.

Mercredi 31 août, 150 000 travailleurs de Royal Mail, British Telecom et Openreach ont fait grève le même jour. Ils n’avaient jamais été aussi nombreux à cesser le travail en même temps depuis le début de ce que les médias britanniques appellent « l’été du mécontentement ». C’est dit en référence à « l’hiver du mécontentement » de 1978-1979, vague de grèves elle aussi motivée par l’insuffisance des salaires. Chez Royal Mail, plus de 100 000 travailleurs devaient d’ailleurs se remettre en grève jeudi 8 et vendredi 9 septembre.

Privatisée il y a sept ans, l’entreprise de tri et de distribution du courrier a amassé près de 800 millions de livres de profits ces deux dernières années, dont la moitié a été reversée aux actionnaires. On comprend que les postiers aient du mal à avaler l’offre de 3,5 % faite par la direction, conditionnée de plus à l’annualisation des horaires et à des suppressions d’emplois. Dans la foulée des travailleurs des postes et télécommunications, des grèves sont de nouveau annoncées chez les conducteurs de train le 15 septembre et chez le personnel naviguant les 26 et 27, et de nouvelles catégories de salariés prévoient des journées de grève à l’automne.

Dans l’effervescence sociale en cours, ce ne sont pas seulement les bas salaires qui sont rejetés, c’est plus largement la dégradation des conditions de travail, la précarisation, la multiplication des petits boulots mal payés qui poussent à faire des journées à rallonge. Les presque quatre décennies pendant lesquelles les syndicats sont restés l’arme au pied ont conduit à des reculs profonds contre lesquels enfin une fraction du monde du travail relève la tête, avec le soutien moral du plus grand nombre.