PSA – Poissy : non à l’exclusion du syndicat CGT historique par les bureaucrates de la Fédération des Métaux !07/09/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/09/2823.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA – Poissy : non à l’exclusion du syndicat CGT historique par les bureaucrates de la Fédération des Métaux !

Depuis plus d’un an, les dirigeants de la Fédération CGT de la métallurgie s’attaquent aux militants CGT PSA de l’usine de Poissy pour essayer d’imposer leur politique, leurs décisions et leur direction.

Ces militants, qui ont su, dans le passé, forger leur syndicat face à un patron de combat, se faire estimer par l’ensemble des travailleurs, ne se laissent pas faire ni détourner de leur lutte contre la direction de PSA, en même temps que les militants CGT des autres usines.

L’opposition entre la Fédération et la CGT du groupe PSA est profonde et plus ancienne que cela. Elle réside dans la conception même du syndicalisme et de l’organisation des travailleurs. La Fédération se conçoit comme un appareil loin du contrôle des syndiqués, de la base. Elle veut être un interlocuteur privilégié, avocat officiel des travailleurs auprès des patrons et non un instrument de leurs luttes. Elle considère même que, pour remplir ce rôle dans les institutions et les salons des directions, pour être reconnue par les patrons, il est souhaitable de leur faire des propositions sur la meilleure façon de diriger les entreprises.

Démocratie syndicale ou décisions venues d'en haut?

À l’opposé de cette politique, depuis des années, le groupe des syndicats CGT de PSA a comme principes la démocratie syndicale et le combat contre le patron. Ce sont les militants de base, ceux de l’atelier, qui décident et non des chefs auto­proclamés. Cela empêche la Fédération d’imposer par en haut ses ordres et sa discipline. Et ces syndicats CGT ont toujours refusé de collaborer avec le patronat ou de signer des accords en défaveur des travailleurs. Pour eux, leur activité doit être dirigée vers les travailleurs, pour mener la lutte contre l’exploitation. Et c’est cela que la Fédération veut détruire.

Pour les mêmes raisons, les dirigeants de la Fédération n’ont jamais accepté que Jean-Pierre Mercier ait été élu délégué syndical central (DSC) de la CGT PSA. Ils mettent en avant le fait qu’il est porte-parole de Lutte ouvrière, mais ce n’est pas le refus de la politique en général qui les motive. La politique dont ils ne veulent pas est celle qui consiste à vouloir la démocratie ouvrière pour les travailleurs, à faire qu’ils soient maîtres dans leurs syndicats et dirigent démocratiquement leurs propres luttes. Car c’est seulement ainsi que les travailleurs peuvent devenir une force capable de faire reculer le patronat.

Alors quand, au printemps 2021, une poignée de militants au sein de la CGT Poissy se sont mis à critiquer la direction du syndicat, la Fédération en a profité pour s’en prendre à ce syndicat qui la dérange. La première manœuvre de ces bureaucrates a été de réclamer l’organisation d’un congrès. Loin d’en être gênée, la CGT de Poissy s’en est donné les moyens. Ce congrès a eu lieu avec succès dimanche matin 14 novembre, pour qu’aucun syndiqué ne soit empêché d’y participer à cause des samedis de travail obligatoires. 193 syndiqués, soit le double des fois précédentes, se sont réunis et ont réélu la direction du syndicat.

Afin de permettre la plus grande transparence, les secrétaires des autres syndicats CGT PSA ainsi que les responsables des structures CGT, dont ceux de la Fédération, étaient invités. Mais si les militants de PSA sont venus, aucun des responsables de la Fédération n’a fait le déplacement. En fait, ils ne voulaient pas d’un véritable congrès et d’une franche discussion devant les syndiqués, mais des tractations et des négociations pour imposer une nouvelle direction au syndicat, en dehors de la présence des syndiqués. Car les bureaucrates se moquent de la démocratie ouvrière comme de leur première signature.

Devant cet échec, et en violation complète des statuts de la CGT, la Fédération a alors fait le choix de la division en créant de toutes pièces une autre CGT concurrente dans l’usine. Cette décision irresponsable d’affaiblir les travailleurs face au patron a choqué. Au point que la pétition dénonçant cette division a recueilli 1 085 signatures de syndiqués et de non-syndiqués.

Le patron, allié de la Fédération

Bien entendu, la Fédération a bénéficié du soutien inconditionnel de la direction de PSA dans ses attaques. En février dernier, le patron a retiré les mandats désignatifs des militants de la CGT… sur demande écrite de la Fédération. Depuis, il fait tout ce qu’il peut pour les empêcher de continuer à militer dans les ateliers.

En mai 2022, la Fédération a retiré à Jean-Pierre Mercier le mandat de DSC qu’il exerçait depuis huit ans et a voulu imposer un candidat de son choix. Une nouvelle fois, les syndicats du groupe ont refusé de se soumettre aux ordres de la direction de la Fédération. 85 % des 250 militants CGT du groupe ont rejeté cette désignation imposée d’en haut. Ils sont venus à 200 au siège de la Confédération, à Montreuil, pour exprimer leur désaccord.

Les militants CGT de PSA ont démontré qu’ils ne se laissent pas imposer des décisions sans protester et sans se battre. Sur la question des mandats comme sur la question de la désignation imposée d’un DSC, ils ont donc saisi la justice, tout en sachant qu’elle préfère souvent condamner des travailleurs et des militants qu’admettre qu’ils ont raison face à des chefs, fussent-ils syndicaux. Et, en effet, le tribunal de Versailles a par deux fois donné raison aux responsables syndicaux de la Fédération.

Malgré tout, les militants CGT du groupe ne cessent pas de militer, de combattre et ils ont fait la démonstration à la direction de PSA et à la Fédération qu’ils ne sont pas prêts à obéir. Ceux de Poissy, avec ou sans mandat, ont réussi dernièrement à organiser une mobilisation pour imposer à la direction que le samedi 9 juillet ne soit pas travaillé, un vrai succès dans l’usine.

Face à des militants qui refusent de baisser la tête et qui continuent légitimement de se réclamer de la CGT, la Fédération a maintenant attaqué en justice seize militants pour leur interdire de se réclamer de la CGT, sous peine de 1 000 euros d’astreinte par « infraction » constatée. Elle a utilisé les services d’huissiers qui se sont présentés au domicile des militants en question pour les assigner en justice. L’audience aura lieu le 20 octobre. Se servir de méthodes de patron pour tenter de faire taire ces militants ne gêne pas la Fédération. Mais elle se trompe lourdement si elle croit pouvoir arriver ainsi à ses fins !

Ce conflit entre les bureaucrates syndicaux et les militants CGT de PSA n’est pas fini. La Fédération pourra peut-être obtenir d’un juge l’exclusion de ces militants, mais elle ne pourra pas les empêcher de militer. La vraie reconnaissance, celle qui compte, ce n’est pas celle d’un tribunal ou celle des fédéraux de Montreuil, mais celle des travailleurs. Car un vrai syndicat n’est pas une étiquette, ce sont des travailleuses et des travailleurs en chair et en os, qui choisissent de lutter contre l’exploitation et pour cela de s’organiser en regroupant dans ce but le maximum de travailleurs conscients.

Partager