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Ex-URSS : Moscou perd du terrain, Macron en profite
Le président russe a assisté, le 23 novembre à Erevan, au sommet de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) qui réunit cinq ex-républiques soviétiques (Biélorussie, Arménie, Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan) autour de la Russie. Ce sommet a pris acte de l’affaiblissement de Moscou, du fait de ses échecs dans la guerre en Ukraine.
Ce sommet a constaté l’incapacité de la Russie à protéger ses alliés même les plus proches. L’Arménie a été attaquée plusieurs fois ces derniers temps par l’Azerbaïdjan, un État lui aussi issu de l’implosion de l’URSS. Cela s’est fait avec l’aide militaire de la Turquie, Ankara ambitionnant de remplacer Moscou comme parrain du Caucase, sans que le Kremlin vienne au secours de l’Arménie, comme le stipule le traité de sécurité collective. Du coup, pour essayer de se protéger, l’Arménie se tourne vers l’Union européenne plutôt que vers la Russie.
En même temps qu’un récent sommet eurasiatique en Ouzbékistan auquel ils participaient, on a même vu deux membres de l’OTSC censément alliés, le Kirghizstan et le Tadjikistan, s’affronter militairement pour une question de frontière. Là encore, Moscou n’a pas pu ou pas voulu intervenir.
Quant au Kazakhstan, l’État le plus vaste et le plus riche de l’OTSC après la Russie, il a refusé d’approuver l’annexion par Moscou de quatre régions d’Ukraine. De plus, il a ouvert en grand les vannes de ses oléoducs pour fournir à l’Union européenne le pétrole que, du fait des sanctions occidentales, elle importe moins de Russie.
C’est dans ce contexte que, en France, Macron a prévu de recevoir le président kazakh une semaine après sa réélection. Le 20 novembre, Tokaïev a obtenu un score quasi brejnévien de plus de 80 % face à des figurants, et repart pour un second mandat, alors que la nouvelle Constitution kazakhe n’en autorise qu’un. Mais, assure l’Élysée, le tout s’est déroulé de façon très démocratique. Et personne en haut lieu n’aura le mauvais goût de rappeler qu’en janvier dernier la dictature des bureaucrates kazakhs n’était venue à bout d’une révolte ouvrière et populaire que grâce aux tanks et aux paras envoyés par Poutine. Le Kremlin était alors intervenu militairement, sans que les « démocrates » occidentaux le lui reprochent, pour sauver la dictature locale, les intérêts de la bureaucratie russe, et ceux de certains grands groupes occidentaux qui avaient demandé à Tokaïev de « ramener l’ordre ». C’est en effet cet ordre qui permet à des géants industriels américains, français et autres d’exploiter depuis des années le pétrole, le gaz, l’uranium et de nombreux autres minerais dont regorge le sous-sol du Kazakhstan.
Selon le communiqué officiel, Macron va discuter avec Tokaïev de questions stratégiques, autrement dit du renforcement de ses liens avec l’Occident impérialiste, et de questions commerciales, donc de ce que la France peut vendre au Kazakhstan. Il y ajoute des questions humanitaires, ce qui est vague à souhait et fait toujours bien dans un communiqué. Mais, pour ne pas rester dans le vague, on sait d’ores et déjà que Tokaïev va participer à des réunions avec des entreprises françaises. À partir de combien de milliards de contrats signés Macron lui remettra-t-il un brevet de démocrate ?