Conférence de Paris : des vautours autour de l’Ukraine14/12/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/12/2837.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Conférence de Paris : des vautours autour de l’Ukraine

Alors que l’Ukraine subit les destructions de la guerre, Macron a réuni à Paris, les 13 et 14 décembre, une « conférence pour la résilience et la reconstruction de l’Ukraine ». Quarante-six pays, le FMI, la Banque mondiale et l’ONU y étaient représentés.

Les puissances occidentales envoient des armes en Ukraine par convois entiers, elles rejettent officiellement toute discussion avec Poutine sur les conditions d’un cessez-le feu, mais elles se penchent déjà sur la reconstruction. Le terme de « résilience » a certes été ajouté pour montrer que l’urgence du moment est d’aider la population ukrainienne à passer l’hiver malgré la destruction des réseaux électriques, du chauffage et de tant d’infrastructures. La conférence de Paris a dressé la liste des fournitures à livrer en urgence, des générateurs électriques aux médicaments en passant par des poêles à bois. Les participants ont promis quelques dizaines de milliards de dollars pour assurer le paiement des salaires des fonctionnaires et les retraites.

Mais ce qui préoccupe vraiment les grandes puissances et les organismes internationaux comme le FMI ou la Banque mondiale, ce n’est pas le sort de la population ukrainienne. Ils veulent déjà savoir qui financera la reconstruction de l’Ukraine, estimée à 350 milliards de dollars selon la Banque mondiale et à 700 milliards selon le gouvernement ukrainien. Ils discutent des voies et des moyens de faire payer la Russie. La seconde question, encore plus vitale pour eux, est de savoir quelles entreprises vont en profiter.

En accueillant à Paris une telle conférence, qui n’est pas la première du genre depuis neuf mois et qui sera suivie de bien d’autres avant un cessez-le feu, Macron ne cherche pas seulement à exister sur la scène internationale. Il cherche à défendre coûte que coûte les intérêts des capitalistes français. Dans ce but, il a organisé au ministère de l’Économie une rencontre entre les ministres ukrainiens et 500 chefs ­d’entreprise français prêts à « contribuer à la reconstruction du pays et investir sur le long terme dans le potentiel de l’économie ukrainienne », selon la communication du ministère.

Ainsi les PDG des grands groupes français du BTP, du ferroviaire, de l’armement, de l’énergie, de la pharmacie, comme Eiffage, Alstom, Dassault, Thales, TotalEnergies, Engie, Servier ou Sanofi étaient conviés à ce pince-fesses. À la question « N’est-il pas cynique de parler de reconstruction quand la guerre fait rage ? », un haut fonctionnaire répond : « Il s’agit de positionner les entreprises sur les futurs appels d’offres le plus tôt possible. » En effet la concurrence va être rude entre capitalistes occidentaux. Quelle que soit l’agitation diplomatique de Macron, la part du lion reviendra probablement aux capitalistes soutenus par l’impérialisme le plus puissant, celui qui fournit le plus d’armes à l’Ukraine, les États-Unis.

Le cynisme de cette conférence montre bien que l’enjeu de cette guerre est de savoir quelle puissance impérialiste renforcera son influence et sa prédation dans cette partie de l’Europe. Quant aux populations ukrainienne et russe, qui paient aujourd’hui la guerre au prix fort, elles risquent de continuer à en payer durement les suites.

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