Médecins libéraux en grève : un système de santé qui vacille15/02/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/02/2846.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Médecins libéraux en grève : un système de santé qui vacille

Mardi 14 février, les médecins généralistes libéraux étaient dans la rue pour réclamer une hausse des tarifs de la consultation et s’opposer à une proposition de loi débattue le même jour au Sénat.

Ce n’est pas une découverte : pratiquement tout le territoire est devenu un large désert médical. La pénurie de généralistes est telle que plus de 5 millions de personnes n’ont pas réussi à désigner leur médecin traitant. Si, parmi elles, on compte nombre de jeunes qui n’ont donc pas encore eu besoin d’essayer, il y a aussi tous ceux qui n’y sont pas arrivés, dont notamment 600 000 malades en affection de longue durée (ALD). C’est une catastrophe en matière de santé publique et sur le plan financier pour les malades, puisque les remboursements par l’Assurance maladie sont conditionnés à la désignation d’un médecin traitant.

Qu’on se rassure, le gouvernement a des solutions pour faire face à la catastrophe. Ainsi, le ministre de la Santé a-t-il promis aux malades en ALD n’ayant pas de médecin traitant que, « d’ici le mois de juin », la Sécurité sociale les contacterait pour leur proposer « des solutions concrètes. » Il n’y a plus qu’à y croire.

Les généralistes libéraux, notamment les médecins traitants, en ont assez de leurs conditions d’exercice dans le cadre de l’actuelle pénurie. Et s’ils ne sont pas les plus à plaindre en matière de revenus, il est vrai que la proposition gouvernementale, une hausse du tarif de la consultation de base de 1,50 euro, c’est-à-dire du passage de 25 à 26,50 euros, a de quoi leur donner envie de descendre dans la rue. Pourtant ce n’est que le petit bout de la carotte puisque le directeur de l’Assurance maladie, avec qui la négociation est en cours, s’est déjà dit « prêt à aller plus loin » que 1,50 euro à condition, en contrepartie, que les praticiens libéraux prennent davantage de patients et assurent plus de gardes de soir et de week-end. Ce que beaucoup refusent puisqu’ils sont déjà débordés !

Si la date du 14 février a été choisie pour la manifestation, c’est parce que, ce jour-là, une proposition de loi (déjà votée à l’Assemblée) était discutée au Sénat. Elle permettrait aux patients d’accéder directement à certains paramédicaux, comme les kinési­thérapeutes, sans passer par la case de la prescription médicale. Des médecins accusent le texte de « mettre en danger la santé » de la population en « contournant la fonction de coordination du médecin traitant .» D’autres y voient le risque d’une « médecine à deux vitesses ».

Une chose est certaine, tout le système de santé est malade. Depuis des dizaines d’années on ne forme plus assez de médecins en France, il en manque partout, tant en ville qu’à l’hôpital. Dans le même temps, les mesures d’économies réalisées par tous les gouvernements successifs ont entraîné la fermeture des dispensaires, puis de maternités et d’hôpitaux.

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