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Leur société
Retraites : le combat continue
Dans son communiqué, l’intersyndicale a appelé à « durcir le mouvement » et à « mettre la France à l’arrêt » le 7 mars. Quelles que soient les intentions et les moyens mis en œuvre par les directions syndicales, il faut se saisir de cette journée pour amplifier la riposte à la réforme des retraites du gouvernement.
Depuis un mois, le succès des manifestations organisées à cinq reprises dans tout le pays montre le rejet massif de la réforme gouvernementale par le monde du travail. L’ampleur des manifestations a largement dépassé le cadre habituel, avec des cortèges très fournis, particulièrement dans des villes moyennes, et la participation de nombreux travailleurs, y compris du privé.
On aurait pu craindre que le 16 février, la dernière journée de grève et de manifestation, soit un échec, alors que le 7 mars apparaissait comme la véritable prochaine étape. Mais la participation aux manifestations a de nouveau été importante et le moral était toujours haut dans les cortèges et les rassemblements.
Pour autant, il est clair que, pour être victorieux, le mouvement doit prendre une autre ampleur. Il s’agit d’une lutte difficile, et cela ne tient pas à la personnalité de Macron, qui n’est que le gérant en titre des intérêts du patronat et lui obéit au doigt et à l’œil. Dans cette période de crise générale du capitalisme et de guerre économique, la condition du profit est de faire les poches des travailleurs par tous les moyens : exploitation renforcée, hausses des prix, blocage des salaires, mise à sac des services publics, vol dans les caisses de la Sécurité sociale, etc. Pour la bourgeoisie, l’heure est moins que jamais à céder aux revendications ouvrières, à moins d’y être contrainte.
De nombreux travailleurs reprennent l’idée de « bloquer l’économie », en pensant à des actions spectaculaires de minorités ou en s’en remettant à la grève de quelques secteurs. Face à une attaque générale contre le monde du travail, aucune grève par procuration, menée par une fraction seulement des travailleurs, qu’ils soient dockers, cheminots ou raffineurs, ne peut être victorieuse, même en étant soutenue par l’immense majorité de la population.
Le match de la réforme des retraites ne se jouera pas au Parlement, mais il se ne jouera pas non plus dans les tribunes. Il faut au contraire que le maximum de travailleurs envahissent le terrain de la lutte. La hantise de Macron et du Medef, c’est que des grèves démarrent d’un secteur et se propagent à d’autres, en particulier dans le privé.
Quand, en juin 1936, la grève s’est ainsi répandue d’heure en heure, de proche en proche, devenant grève générale avec occupation d’usines, la panique a été totale du côté de la bourgeoisie et c’est elle qui a exigé du gouvernement de Front populaire d’accorder la semaine de 40 heures et les congés payés, pour endiguer la montée ouvrière.
Si demain une grève se généralise et entraîne des millions de travailleurs, on verra la même panique du côté des Bolloré, des Arnault, des Pinault et des Peugeot. Et ce sont eux qui diront à Macron ou tout autre président de remballer ses plans, pour y mettre fin.