EPSM – Le Mans : vol au-dessus d’un nid de coucou29/03/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/03/2852.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

EPSM – Le Mans : vol au-dessus d’un nid de coucou

Dernièrement, des salariés de l’EPSM (établissement de santé mentale de la Sarthe) se sont vu imposer de faire du « renfort régulier » au service des Urgences du centre hospitalier du Mans, à la place de leur activité ambulatoire habituelle.

Il leur est demandé, lors de ce renfort régulier, d’« assurer une surveillance des patients en attente de transfert vers l’EPSM », donc de surveiller, aux Urgences du centre hospitalier, des patients en état de crise demandant une prise en charge psychiatrique accrue, en attendant que se libère un lit pour eux à l’EPSM (hôpital psychiatrique spécialisé).

L’hôpital a désigné du doux nom de « patio » ce lieu où sont logés les patients. Il faut oser, lorsqu’on voit la réali­té : dix à quinze personnes sont entassées dans un couloir – deux au mieux – sur des lits séparés par des paravents, tous donnant sur une baie vitrée et un vis-à-vis sur l’extérieur. Bien sûr, aucune intimité ni confidentialité, la seule douche pour dix à quinze personnes est éloignée du service et les quatre issues ne sont ni sécurisées ni surveillées par des soignants.

Quant à ceux-ci, ils ne sont prévenus que quelques jours avant le besoin de renfort, et à eux de se débrouiller avec leur vie familiale, les gardes d’enfant, les rendez-vous, etc. Mais c’est aussi à eux de se débrouiller pour réorganiser leur activité professionnelle déjà programmée, avec l’annulation de soins planifiés. Sur place, il n’y a aucun accès aux traitements ni aux ordonnances, et pas plus de connaissance du lieu de stockage du matériel élémentaire, comme les draps, les pichets, les gants, les désinfectants, pour assurer le minimum de confort aux patients. Bien sûr, il n’y a pas de vestiaire, il faut se changer dans les toilettes, sans parler des poubelles qui débordent. Mais, comble du luxe, les soignants ont tout de même droit à un micro-ondes pour réchauffer les repas qu’ils doivent distribuer aux patients.

Les directions du centre hospitalier et de l’EPSM conjointement, par leurs économies, leur politique de fermeture de lits menées depuis des lustres, mettent en situation de maltraitance non seulement les patients, mais aussi les soignants relégués au rôle de surveillants d’asile d’un autre âge. Heureusement, ceux de l’EPSM refusent de subir et de jouer ce rôle maltraitant et ont rapidement dénoncé les conditions de travail et d’accueil des patients imposées par les directions des deux hôpitaux.

Un signalement de danger grave et imminent a eu pour réponse une fin de non-recevoir, au prétexte que la direction avait sollicité la « réserve sanitaire », c’est-à-dire le renfort de quatre infirmiers pour deux semaines, ce qui ne règle en rien les problèmes d’accueil des patients et de conditions de travail.

Les soignants de l’EPSM ne comptent pas en rester là et feront en sorte de ne pas entériner cette situation révoltante.

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