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Dans les entreprises
STMicroelectronics – Soitec : le profit “goutte que goutte”
Le Comité départemental de l’eau s’est réuni à Grenoble le 22 mars, Journée mondiale de l’eau, à l’initiative du préfet de l’Isère. Il conclut, sur la base d’un déficit de précipitations depuis l’été 2022, à des restrictions de la consommation d’eau.
Ces restrictions concernent les particuliers : lavage des véhicules, arrosage de pelouses ou plantation de jeunes arbres et arbustes, etc. Mais pas question pour l’État de s’en prendre aux industriels !
À Crolles, dans la banlieue de Grenoble, où comme dans bien des endroits les nappes phréatiques sont au plus bas, la construction de l’extension de l’usine STMicro- electronics va aggraver le problème. En effet l’industrie micro-électronique est extrêmement gourmande en eau : la consommation de cette usine ajoutée à celle de Soitec, une autre usine de semi-conducteurs toute proche, sera dans quelques années l’équivalent de celle d’une ville de 200 000, voire 280 000 habitants.
De plus, pour faire l’économie des équipements nécessaires à leur retraitement et ainsi pouvoir les réinjecter dans le cycle de production, ces usines rejettent leurs eaux usées et partiellement traitées dans l’Isère ; des eaux contenant encore des résidus des produits chimiques toxiques auxquelles elles ont été mélangées. Tout cela sous le regard bienveillant du vice-président de la communauté de communes du Grésivaudan qui a garanti l’été dernier que, pour ST, l’eau continuera de couler à flots malgré la sécheresse générale. Pour la mise en service en 2003 de la deuxième tranche, appelée Crolles 300, ST avait déjà refusé d’investir dans le traitement et le recyclage de l’eau et avait bénéficié d’une deuxième adduction d’eau accordée par les collectivités locales.
STMicroelectronics n’est pas seulement gloutonne en eau, mais aussi en argent public : 2,5 milliards d’euros de subventions de l’État pour l’extension en cours ont notamment été annoncés par Macron lors de sa visite sur le site de Crolles le 12 juillet dernier. Et les profits, à hauteur de 4 milliards d’euros en 2022, sont aussi là pour confirmer que ST et ses actionnaires baignent dans les liquidités. Pour économiser l’eau, des moyens techniques de dépollution et de recyclage en circuit fermé existent. ST comme Soitec en auraient largement les moyens, mais cela assécherait une partie de leurs profits.
À terme, la consommation des usines STMicroelectronics et Soitec équivaudra à 16 méga-bassines de Sainte-Soline par an... remplies d’eau potable extraite des sources grenobloises.
Du côté d’Éric Piolle, maire EELV de Grenoble et de certains élus, si on s’empresse de montrer son soutien à la contestation de Sainte-Soline, c’est le grand silence sur la consommation ahurissante des industriels. Mieux, Piolle était présent pour la visite de Macron, cet été à Crolles, venu annoncer 2,5 milliards de plus d’aides publiques, pour l’extension de ST.
Politicien vert, une espèce qui sait s’adapter à l’environnement.