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Leur société
Assassinat de Samuel Paty : les vrais responsables du terrorisme ne seront pas jugés
Deux ans après l’assassinat du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty par un jeune intégriste musulman à Conflans-Sainte-Honorine, le 16 octobre 2020, le parquet national antiterroriste (PNAT) a déposé un réquisitoire, demandant un procès pour quatorze personnes, parmi lesquelles figurent cinq collégiens.
L’assassin de Samuel Paty ayant été tué par les policiers, il s’agissait pour les magistrats d’établir les responsabilités de ses présumés complices. Mais le PNAT n’ayant pas trouvé la moindre trace d’un véritable groupe terroriste, il en est réduit à reconstituer ce qui a été appelé, dans le réquisitoire, « la chronique d’une mise à mort ».
En quoi cela consiste-t-il ? Suite à un cours d’éducation civique sur la liberté d’expression dans une classe de quatrième, où Samuel Paty avait montré deux caricatures de Mahomet parues dans le journal Charlie Hebdo, un engrenage sanglant s’est en effet mis en route. Certaines personnes y ont joué un rôle qu’il est légitime de dénoncer, en tenant compte toutefois des différences. Or les magistrats du PNAT évoquent tout à la fois les mensonges d’une des élèves de cette classe et la diffusion par le père de celle-ci de messages haineux sur Facebook, accusant l’enseignant de s’en prendre à l’islam. Il s’y ajoute un prédicateur en mal de reconnaissance qui a relayé cette accusation sur les réseaux sociaux, deux amis de l’assassin accusés de l’avoir aidé, trois membres d’un groupe Snapchat dont il faisait partie et cinq collégiens qui ont désigné l’enseignant moyennant rétribution.
Le PNAT se préoccupe essentiellement de différencier ceux qui étaient au courant du projet criminel du djihadiste et les autres.
Le réquisitoire débouchera donc sur un procès devant une cour d’assises pour les adultes, les mineurs devant être jugés à huis clos devant un tribunal pour enfants. À défaut de juger un véritable groupe terroriste, ce procès fournira ainsi une nouvelle occasion, dans la lignée du procès des auteurs des attentats du 13 novembre 2015, de présenter un pays occidental tel que la France comme un îlot pacifique obligé de se défendre contre la barbarie intégriste.
Les groupes djihadistes utilisent en effet des méthodes barbares et combattre leurs idées et leurs perspectives est indispensable. Mais il est tout aussi nécessaire de dénoncer ceux qui ont créé les conditions sociales et politiques permettant à ces groupes de prospérer, à savoir les dirigeants des grandes puissances occidentales. Depuis des décennies en effet, ces dirigeants, à commencer par ceux des États-Unis, ont mené des interventions militaires au Proche et au Moyen-Orient. En semant la destruction, le chaos et la mort, ils ont créé le terreau sur lequel se développent les groupes terroristes islamistes.
En défendant un ordre qui maintient dans la misère et le sous-développement des régions entières, les puissances impérialistes favorisent le développement du terrorisme qu’elles prétendent combattre. Leurs dirigeants n’ont jamais le moindre compte à rendre, alors qu’ils portent une responsabilité bien plus grande dans le développement de la barbarie de ce monde que les collégiens dont le PNAT recommande la mise en jugement.