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Réforme des lycées professionnels : du clé en main pour le patronat
Jeudi 4 mai, dans un lycée de Saintes en Charente-Maritime, Emmanuel Macron a présenté son projet de réforme des lycées professionnels. Ce n’est une surprise pour personne, cette nouvelle réforme, sous prétexte de lutter contre le chômage, vise à offrir sur un plateau de la main-d’œuvre jeune et bon marché au patronat.
Toutes les filières seront orientées pour satisfaire les besoins locaux du patronat. Pour le gouvernement, ces jeunes sont juste de la chair à exploiter et il n’est pas question que cela coûte un centime aux patrons. Ainsi, c’est l’État qui va indemniser les jeunes stagiaires en entreprise, à raison de 50 euros par semaine pour les élèves de seconde, 75 euros pour ceux de première et 100 pour ceux de terminale. Pour les élèves, c’est dérisoire. Cumulées, ces indemnités devraient atteindre un milliard, un milliard qui manquera donc ailleurs dans les services publics.
Vendredi 5 mai, le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, a confirmé cette orientation et, prenant tout le monde de court, a annoncé la fermeture dès la rentrée prochaine de 80 filières, principalement dans le tertiaire, et l’ouverture de 150 autres, entre autres dans les filières industrielles. Rien n’a été vraiment anticipé et cela présage d’une vraie pagaille à la rentrée prochaine puisque les enseignants professionnels n’ont même pas été recrutés.
Dans ce fatras d’annonces, les grands oubliés sont les élèves. Il n’est en effet aucunement question de tenir compte de leurs désirs et de leur offrir un vaste choix d’enseignements différents. Pire, ceux qui cette année ont déjà choisi leur filière vont peut-être apprendre dans quelques jours qu’elle est tout simplement fermée. Aux élèves et à leurs parents de se débrouiller pour émettre d’autres choix. Combien parmi eux risquent de se retrouver sans aucune place à la rentrée prochaine ?
Le gouvernement justifie cette réforme précipitée en prétendant que le lycée professionnel est en échec parce que seule la moitié des élèves trouve un emploi un an après l’obtention de leur diplôme et que seuls 53 % de ceux qui poursuivent leurs études obtiennent un BTS. Donc nombre d’élèves se retrouvent au chômage et finissent au mieux par trouver un emploi dans des domaines qui n’ont rien à voir avec leur formation.
Mais qui porte la responsabilité de cette situation ? En premier lieu le patronat, qui licencie plus qu’il n’embauche dans l’industrie, dans les services et dans la grande distribution depuis des années. De surcroît, depuis quatorze ans, les ministres de l’Éducation nationale successifs n’ont eu de cesse de diminuer le volume d’enseignement pour les élèves de lycée professionnel. La réforme du bac pro en trois ans en 2009 les a privés d’une année d’études, puis le nombre d’heures d’enseignement général n’a fait que diminuer. Économiser des heures et donc de l’argent aux dépens des élèves de milieu populaire a été une constante.
Quant aux enseignants titulaires des filières fermées, ils sont priés de se reconvertir pour la rentrée prochaine et trouveront peut-être des places dans des collèges ou dans des écoles primaires. Les contractuels, qui constituent souvent la moitié des équipes, risquent, eux, d’être licenciés.
Il n’est pas dit que cette attaque passe comme une lettre à la poste. Parents, élèves et enseignants ont tout intérêt à s’unir pour parer ces nouveaux mauvais coups du gouvernement.