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Leur société
Finances publiques : prendre aux pauvres pour donner aux riches
« Arrêtons de faire croire que le meilleur contrôle des dépenses médicales d’État ou la lutte contre la fraude fiscale suffiront à équilibrer nos comptes », a déclaré Le Maire, ministre de l’Économie. Le gouvernement a annoncé qu’il allait tailler dans le vif des budgets publics, pour économiser au moins 10 milliards d’euros.
Le Maire a d’abord rappelé la fin du bouclier tarifaire sur le gaz au 1er juillet, qui risque de faire exploser les factures de tous ceux qui avaient été jusque-là un peu protégés des récentes hausses vertigineuses. Puis il a annoncé ses futures cibles : les dépenses sociales, visant spécifiquement celles de la santé, en osant dire « la gratuité ou la quasi-gratuité des médicaments peuvent conduire à déresponsabiliser le patient ». Ensuite, viennent les aides à l’emploi, notamment celles sur l’apprentissage. Le grand patronat profite certes très largement de ces aides qui lui permettent d’avoir des salariés quasi gratuits. Mais leur suppression aura surtout comme conséquence que les apprentis soient purement et simplement mis à la porte.
Le gouvernement justifie sa politique en prétendant que c’est la fin du « quoi qu’il en coûte », comme si la population avait profité jusque-là des largesses de l’État. En réalité, depuis plusieurs mois, au nom de la prétendue réindustrialisation, le gouvernement sort comme jamais ses chéquiers pour les grands capitalistes. Récemment, il a annoncé une subvention de 2,9 milliards d’euros pour l’usine de semi-conducteurs à Crolles en Isère, propriété conjointe du groupe franco-italien STMicroelectronics et du groupe américain Global Founderies. C’est sans doute la plus grosse subvention jamais accordée en France pour un seul site. Il faut aussi ajouter les milliards d’euros pour les trois « Gigafactories » de batteries pour voitures électriques, dans les Hauts-de-France dont les propriétaires sont, entre autres, Stellantis, TotalEnergies et Renault.
Le fabriquant de vaccins Moderna, qui a réalisé des milliards de bénéfices avec le Covid, est paraît-il en pourparlers avec le gouvernement français pour créer une usine… à condition que des millions de doses lui soient achetées à l’avance par la Sécurité sociale. Et puis, qui n’a pas vu les parades médiatiques du milliardaire américain Elon Musk, à qui le gouvernement fait une cour éhontée. Combien de milliards celui qui est une des plus grosses fortunes de la planète réussira-t-il à obtenir en subventions, sous prétexte qu’il va peut-être investir en France ?
En fait, tous les gouvernements des pays riches tentent de s’aligner sur la politique de subventions aux industriels mise en place par les États-Unis depuis un an. Ceux-ci proposent aux capitalistes du monde entier des sommes telles que ces derniers peuvent faire monter les enchères auprès de leur gouvernement en disant, comme l’a formulé le président du Medef, Roux de Bézieux : « On me propose tant dans le Michigan aux États-Unis, est-ce que vous me proposez la même chose ? » Ainsi, pour pouvoir offrir des milliards à des groupes richissimes, les gouvernements s’en prennent aux plus pauvres.