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Dans les entreprises
Salaire des soignants : il n’y a pas le compte
Le sous-effectif dans les structures hospitalières ayant continué de battre des records cet été, la Première ministre, Élisabeth Borne, s’est rendue à l’hôpital de Rouen le 31 août pour annoncer une série de mesures sur les rémunérations des soignants, prétendant créer ainsi un « choc d’attractivité »
Ces annonces portent principalement sur le travail de nuit des aides-soignants et des infirmiers, ainsi que sur les gardes et les astreintes des médecins : rien ne changerait donc pour la grande majorité des soignants, ni pour le reste du personnel hospitalier. De plus, la revalorisation des gardes étant déjà appliquée dans le secteur public depuis plus d’un an, il ne s’agit en fait que d’homogénéiser cette rémunération entre le public et le privé.
Borne promet une hausse de 20 % du forfait versé aux aides-soignants et aux infirmiers pour les dimanches et jours fériés, et de payer les heures de nuit 25 % de plus qu’en journée, ce qui correspondrait aux pratiques généralement en vigueur dans le reste du monde du travail. Si elle peut présenter cela comme une avancée, c’est uniquement parce que le travail infirmier de nuit n’a longtemps été payé qu’un euro de l’heure de plus que le jour, une majoration royalement passée l’été dernier… à 2 euros.
Le gouvernement prétend que cette majoration du travail de nuit se traduira par 300 euros brut d’augmentation, pour une infirmière en milieu de carrière. Mais ce chiffre est calculé par rapport à la situation qui prévalait avant l’été 2022. La hausse réelle par rapport à la situation actuelle serait en fait d’environ 140 euros net en milieu de carrière et de moins de 90 euros en début de carrière… et à condition de travailler uniquement de nuit. Quant au tarif du dimanche travaillé, l’annonce de Borne se résume à un coup de pouce de 9 à 15 euros.
Autant dire qu’à peu près rien ne changera pour l’immense majorité des travailleurs hospitaliers, dont les conditions de travail poussent beaucoup à quitter l’hôpital : d’après le ministère de la Santé, après dix ans de carrière, seulement la moitié des infirmières continuent à y travailler, et 10 % des étudiants abandonnent leur formation dès la première année ; un nombre qui augmente plus rapidement que le nombre d’inscrits.