C’est une aubaine pour les fabricants d’ordinateurs et les éditeurs de contenus. Ainsi, une licence numérique de manuel scolaire s’achète entre 7 et 16 euros par élève alors que son coût de reproduction est quasiment nul. Cette licence n’est valable que pour l’année scolaire et doit être rachetée même si un élève s’en sert toujours l’année suivante. Le plus gros éditeur, le KNE (du groupe Hachette, propriété de Lagardère puis Bolloré) ne respecte même pas les règles de mise à jour de la région, ce qui provoque des dysfonctionnements toute l’année. Et certaines licences commandées en début d’été ne sont toujours pas livrées à la mi-septembre…

Toutes ces dépenses publiques pour le numérique sont à mettre en parallèle avec l’état des bâtiments des lycées, propriétés de la région, dont beaucoup ne sont plus aux normes, délabrés voire insalubres. Le retard dans la rénovation est criant. Le personnel technique et d’entretien des lycées, employé de la région, est en nombre insuffisant et pas toujours remplacé lors des départs en retraite ou lors des fusions en « équipe mobile » sur plusieurs établissements.

Ainsi, au lycée Les Lombards de Troyes, il n’y a pas un bâtiment qui ne prenne pas l’eau, y compris le CDI récemment rénové. Les élèves internes se lavent parfois à l’eau froide tant le réseau d’eau est vétuste. La facture de chauffage explose du fait de l’augmentation des prix de l’énergie et parce que les bâtiments sont des passoires thermiques, gelés en hiver, fournaises en été. Les fenêtres hors d’âge ne peuvent pas toutes s’ouvrir.

En cette rentrée suffocante, cette vérité matérielle a été rappelée par le personnel mécontent aux responsables régionaux venus parader au lycée pour la distribution des ordinateurs région.