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- Lutte ouvrière n°2885
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guerre au moyen-orient
De Tel Aviv à Gaza, une classe ouvrière israélo-arabe
Si l’attaque du Hamas contre des civils le 7 octobre a provoqué un immense choc en Israël et a contribué à renforcer les pires va-t-en-guerre groupés derrière Netanyahou et l’armée, les classes sociales n’ont pas pour autant disparu dans ce pays.
Pour justifier leur politique, les dirigeants occidentaux qui font bloc derrière Netanyahou, mais aussi nombre d’organisations nationalistes palestiniennes combattant l’occupation, présentent la population israélienne comme un bloc aux intérêts communs. Mais, avec 9,5 millions d’habitants, Israël est traversé par de multiples fractures politiques, religieuses et sociales.
Aux inégalités anciennes entre les Juifs ashkénazes venus d’Europe, plus favorisés, et les Juifs séfarades venus des pays arabes à partir des années 1950, se sont ajoutées d’autres inégalités subies par ceux venus de l’ancienne Union soviétique à partir des années 1990, ceux arrivés d’Éthiopie ou du Soudan. Elles se traduisent dans les salaires, les emplois, l’accès au logement. Si nombre d’habitants des colonies sont des sionistes convaincus ou des ultra-orthodoxes à l’idéologie d’extrême droite, bien des familles se sont installées en Cisjordanie ou à proximité de Gaza uniquement parce que les loyers y sont bien plus abordables. Il y a un prolétariat juif en Israël, comme il y a une bourgeoisie, très liée à la bourgeoisie occidentale.
Dans le même temps, un Israélien sur cinq est un Palestinien ayant la citoyenneté israélienne. Considérés comme des citoyens de seconde zone, plus souvent au chômage, particulièrement surveillés et harcelés depuis le 7 octobre, ces 1,8 million de Palestiniens vivent malgré tout aux côtés des Juifs israéliens. Ils travaillent souvent ensemble, par exemple dans les hôpitaux, qui ne fonctionneraient pas sans le personnel soignant arabe.
Dans de nombreux secteurs, des travailleurs juifs côtoient tous les jours des travailleurs arabes israéliens, mais aussi des travailleurs venus de Thaïlande dans l’agriculture, de Roumanie, de Chine ou de Turquie dans le bâtiment, des Philippines dans les soins à la personne. Les uns et les autres sont souvent exploités par le même patron israélien… ou étranger. Malgré les opérations de bouclage de la Cisjordanie ou de Gaza, malgré les attentes épuisantes aux check-points, malgré les tracasseries administratives pour obtenir un permis de travail, plusieurs dizaines de milliers de Palestiniens non résidents travaillaient encore en Israël avant le 7 octobre. Cela signifie que des liens existent de part et d’autre des murs et des barbelés installés par l’État sioniste.
Qu’ils soient israéliens ou étrangers, juifs, musulmans, chrétiens ou autres, ces travailleurs subissent les conséquences économiques désastreuses d’un état de guerre permanent, à commencer par l’inflation. Si les conséquences sont toujours pires pour les plus opprimés, ils forment une même classe ouvrière, aujourd’hui divisée par les choix politiques des partis, en Israël mais aussi en Cisjordanie et à Gaza, qui prétendent les représenter. C’est sur cette base de classe qu’ils peuvent se battre ensemble contre les capitalistes, contre l’impérialisme et contre les frontières absurdes qui les partagent.