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Hôpitaux de Paris – AP-HP : les vacances sacrifiées pour les JO ?
La direction générale de l’AP-HP (Assistance Publique – Hôpitaux de Paris) appelle à se mobiliser pour les Jeux Olympiques de Paris du 26 juillet au 11 août, puis du 28 août au 8 septembre 2024 pour les Jeux Paralympiques.
Outre qu’elle va gérer la polyclinique du village olympique et paralympique (centre de soins pour les athlètes et leurs délégations), la direction voudrait que l’ensemble des hôpitaux répondent aux besoins de santé des habitants, des touristes et des visiteurs des JO. Pour cela elle annonce déjà la couleur : il faudra maintenir une plus grande activité que les étés précédents.
Il est donc prévu qu’une soixantaine de services supplémentaires, sur les 800 que compte l’AP-HP, soient mobilisés par rapport aux étés précédents. 750 médecins, infirmiers, aides-soignants et ambulanciers sont concernés dans des services d’aval des urgences, de chirurgie orthopédique et digestive, de réanimation, les Samu, les Smur… En conséquence, les vacances d’été du personnel de l’AP-HP risquent d’être perturbées. Déjà, en temps « normal », il est difficile d’avoir plus de trois semaines de congé consécutives entre juin et septembre et le sous-effectif permanent règne l’été. Dans certains services, c’est même moins que 21 jours. Cela fait des années que les RCA (remplacements de congés annuels) ont disparu : c’était souvent des enfants du personnel de l’AP-HP ou des étudiants en soins infirmiers qui dépannaient les services durant les mois d’été.
La direction agite une prime – entre 800 euros et 1 200 euros brut pour les soignants en fonction de leur catégorie et 2 500 euros brut pour les médecins – qui serait accordée à ceux qui ne prendraient que deux semaines de vacances entre le 1er juillet et le 31 août. Les jours de congé ne seront pas perdus : ils seront pris ultérieurement ou stockés sur un compte épargne-temps qui sera déplafonné exceptionnellement en 2024.
Pour nombre de travailleurs de l’AP-HP, il est évident que si plus de services de soins restent ouverts, il faudra aussi plus de services de radiologie, de laboratoires, de cuisines, de crèches, de logistique, mais les employés de ces services ne semblent pas être concernés par la prime.
En tout cas, les directions des hôpitaux demandent que l’ensemble des salariés posent dès maintenant leurs demandes de congés d’été 2024 dans les services mobilisés pour les JO, et dès décembre pour les autres. Ainsi, les travailleurs qui n’auraient pas posé leurs vacances avant décembre ou qui prendront leur poste à partir de janvier 2024 seront lésés. Quant aux effectifs réels dans les services JO l’été prochain, ils promettent d’être au minimum, comme le reste de l’année.
L’AP-HP sait depuis 2017 que les Jeux sont prévus, donc que les effectifs auraient dû être anticipés de longue date. Au lieu de cela, ceux qui sont en poste ne pourront pas poser les vacances qu’ils souhaitent. La prime n’est qu’une carotte pour inviter à restreindre soi-même ses vacances d’été, ce qui pose bien des problèmes quand on a des enfants scolarisés.
La direction déclare se réserver le droit, s’il y a « une situation sanitaire exceptionnelle », de rappeler le personnel déjà en vacances. Elle prépare les têtes à ce qu’un plan Blanc soit déclenché au dernier moment.
L’AP-HP voudrait que les travailleurs hospitaliers s’apprêtent à courir encore plus vite durant les JO. Pas en compétition, mais au travail. Si les travailleurs veulent avoir les vacances qu’ils souhaitent, il faudra qu’ils l’imposent.