Afrique du Sud : mineurs assassinés22/01/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/01/une_2947-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afrique du Sud : mineurs assassinés

Le gouvernement sud-africain mène depuis des mois la guerre aux mineurs « illégaux » de Stilfontein. Celle-ci s’est conclue par la mort de 87 mineurs, la plupart morts de faim.

En décembre 2023 le gouvernement avait décidé de ne plus tolérer que des dizaines de milliers de mineurs au chômage s’organisent par eux-mêmes pour extraire des poussières d’or, là où les compagnies minières ont épuisé les filons et abandonné les mines. Ces travailleurs faisaient vivre leur famille en prenant tous les risques, comme de descendre jusqu’à deux kilomètres de profondeur sans l’aide de machinerie moderne.

À Stilfontein les autorités ont été confrontées à la résistance de ces mineurs qui ont refusé de sortir. Au fil des semaines, la police a bloqué toutes les issues et repoussé les familles ou quiconque voulait venir en aide aux mineurs. La nourriture a manqué au fond.

Des ministres de l’ANC, le parti de Mandela arrivé au pouvoir après avoir dirigé la lutte contre le régime raciste d’apartheid, ont traité les mineurs de « criminels détruisant l’économie » et parlé de « les enfumer ». Ils ont fait arrêter la plupart des 2 000 mineurs qui sont sortis de la mine au fil des semaines et les ont jetés en prison, en attendant d’expulser du pays ceux qui n’ont pas la nationalité sud-africaine.

À la suite d’une décision de justice, la police a dû, à la mi- janvier, laisser les survivants remonter à la surface avec l’aide de volontaires ne disposant que de cordes et de poulies. Les 200 derniers mineurs, assiégés pendant des mois au fond, sont remontés extrêmement affaiblis et amaigris.

Les ministres venus parader sur le carreau de la mine où l’on venait de remonter des dizaines de corps, ont dû se retirer sous la pression de la foule qui les rendait responsables de la mort de ces mineurs. Ils sont considérés comme des assassins, tout comme leurs prédécesseurs qui en 2012 avaient fait tirer et assassiné 34 grévistes à la mine de Marikana.

Pendant un siècle et demi les fortunes des compagnies minières se sont édifiées sur l’exploitation de générations de mineurs. Cette bourgeoisie sud-africaine a fait donner la police à chaque fois que les mineurs, à la pointe des luttes de la classe ouvrière d’Afrique du Sud, se révoltaient. Elle a utilisé le racisme d’État pour les priver de droits élémentaires. Puis, quand le régime raciste de l’apartheid a dû laisser la place, les intérêts des compagnies et de leurs actionnaires ont été constamment préservés par l’ANC de Mandela et ses successeurs actuellement au pouvoir. Mais les 500 000 mineurs encore en activité dans les mines les plus profitables, héritiers des traditions ouvrières de lutte, n’ont certainement pas dit leur dernier mot.

Partager