Algérie : la répression n’endigue pas la contestation22/01/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/01/une_2947-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Dans le monde

Algérie : la répression n’endigue pas la contestation

En Algérie, depuis dimanche 19 janvier, la jeunesse des lycées et des collèges est dans la rue, renforçant un mécontentement social qui s’exprime dans de nombreux secteurs.

Celui-ci est nourri par l’aggravation des conditions d’existence et le mépris d’un pouvoir qui réprime toutes les oppositions.

À l’occasion du Nouvel An, le président Abdelmadjid Tebboune pensait sans doute apaiser le climat politique en graciant 2 471 détenus d’opinion et en annonçant un grand débat national. Mais quelques jours plus tard, le pouvoir remettait de l’huile sur le feu en faisant arrêter ceux qui l’avaient pris au mot et avaient relayé le hashtag, devenu viral, #JeNeSuisPasContent. Ont alors été emprisonnés des tiktokeurs, des militants, des hirakistes précédemment libérés, ou encore le journaliste Abdelwakil Blamm.

Toutefois, le régime peut bâillonner et réprimer, faire disparaître le hashtag #JeNeSuisPasContent, il ne peut empêcher le mécontentement qui traverse toute la société de s’exprimer.

Dans les universités, malgré les intimidations et les campagnes de calomnies à leur encontre, les étudiants en sciences médicales ont contraint le gouvernement à des reculs après trois mois de grève. Dans les hôpitaux, les médecins résidents rejoints par les agents leur ont emboîté le pas et réclament de meilleurs salaires.

Dans l’éducation, les adjoints de l’éducation et les surveillants ont, eux aussi, entamé des mouvements de contestation pour leur titularisation et les salaires. Depuis le 19 janvier, sensible à ce climat, la jeunesse lycéenne affiche son mécontentement dans la rue. Si les revendications portent sur les mauvais repas de la cantine et des journées trop chargées, les jeunes collégiens et lycéens, qui manifestent pour la première fois, expriment un malaise plus profond. Ce malaise est celui des familles populaires frappées par le chômage qui peinent à joindre les deux bouts alors que le coût de la vie ne cesse d’augmenter. C’est celui des travailleurs qui subissent des patrons arrogants profitant du chômage pour imposer des conditions de travail dégradées et des salaires de misère. Pourquoi accepter de vivre pauvre dans un pays riche en gaz et en terres rares si convoitées ?

La jeunesse lycéenne a pris de court le pouvoir qui se demande comment les jeunes ont pu communiquer si vite et se mettre d’accord le même jour. Pour faire diversion, il va sans doute l’accuser d’être manipulée par des forces hostiles à l’Algérie. On ne sait pas quel avenir a ce mouvement, mais si c’est un avertissement pour le régime, c’est aussi un encouragement pour tous ceux qui ne se résignent pas.

Partager