Assureurs : après eux, le déluge22/01/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/01/une_2947-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Leur société

Assureurs : après eux, le déluge

Face au refus de l’assureur de sa commune de renouveler son contrat pour l’année 2025, le maire de Breil-sur-Roya, dans les Alpes- Maritimes, a pris les choses en main : il a signé un arrêté interdisant les catastrophes naturelles sur le territoire communal.

À défaut d’empêcher les inondations et incendies, ce geste symbolique aura attiré l’attention sur les difficultés croissantes des collectivités locales pour s’assurer. Les résiliations de contrats sont fréquentes, laissant certaines collectivités sans assurance pendant des mois. C’est actuellement le cas de 1 500 communes, dont la ville de Poitiers, dont les bâtiments publics ne sont plus assurés. Lorsqu’elles parviennent à s’assurer, les collectivités voient les prix exploser : Châteauroux (Indre), par exemple, a vu ses cotisations bondir de 153 000 euros à 435 000 euros entre 2023 et 2024. Parallèlement, les franchises explosent, limitant les remboursements en cas de sinistre.

Ces clauses ruineuses, supportées par la population à travers les impôts, sont imposées par les deux assureurs qui dominent le marché. Groupama, qui vend aussi des contrats d’assurance aux particuliers et aux entreprises, fait des centaines de millions d’euros de bénéfices par an ; la Smacl, spécialisée dans l’assurance des collectivités, est déficitaire, mais son principal actionnaire, la MAIF, est loin d’être sur la paille.

Les gros assureurs, AXA, Crédit Agricole Assurances, Generali, ont vis-à-vis des particuliers la même politique que leurs compères vis-à-vis des collectivités : après avoir augmenté de 4,3 % en 2023 et 7 % en 2024, les primes des assurances habitation devraient encore grimper de 8 à 10 % en 2025. Et là aussi, ceux qui vivent dans des zones considérées comme à risque ont bien du mal à obtenir ou à garder un contrat.

Les assureurs se justifient en invoquant la multiplication des catastrophes naturelles liées au réchauffement climatique. Mais ce risque est déjà largement pris en charge par les assurés, avec la surprime CatNat, prélevée sur tous les contrats pour financer les dégâts causés par les catastrophes naturelles. Cette taxe augmentera au 1er janvier 2025, passant de 12 à 20 % pour les assurances habitations et de 6 à 9 % pour les assurances automobiles. Un rapport sénatorial propose de l’indexer sur l’« inflation climatique », c’est-à-dire de l’augmenter régulièrement.

Il n’est bien sûr pas question pour les pouvoirs publics de faire payer les capitalistes de l’assurance, qui pourront continuer à n’assurer que quand leurs profits le sont.

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