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Leur société
Droite et extrême droite : qui se ressemble s’assemble
Après avoir présenté ses condoléances à la famille Le Pen, Macron a ajouté que le défunt relevait désormais « du jugement de l’Histoire », avec le H majuscule de circonstance.
Bayrou, qui ne pouvait faire moins, a assuré que Le Pen avait été « une figure de la vie politique française » et un « combattant ». Retailleau l’a également qualifié de figure ayant « marqué son époque » et s’est indigné des manifestations de joie constatées ici ou là. Les médias, quant à eux, en ont fait des tonnes, sur le registre de la page qui se tourne.
La page en question concerne surtout le personnel politique de la bourgeoisie et la façon dont il se présente devant les électeurs. Pendant des dizaines d’années, la droite issue du gaullisme, celle de Chirac, a préféré maintenir un cordon sanitaire verbal et électoral la séparant de l’extrême droite, issue, elle, du pétainisme et de l’Algérie française. Cela n’a pas empêché la droite de reprendre le vocabulaire de l’extrême droite, sa démagogie, et tout particulièrement ses propos contre les immigrés.
Mais les temps ont changé ; l’extrême droite progresse à chaque élection, poussée par les reniements permanents et les mensonges évidents des partis au pouvoir. Macron, sorti en 2017 du chapeau de quelques grandes familles bourgeoises et de leurs agences de publicité, est de moins en moins utile à la stabilité du système politique. L’accession au pouvoir présidentiel de l’extrême droite, appuyée sur une majorité parlementaire, commence donc à apparaître possible voire souhaitable dans certains cercles dirigeants.
Une partie de la droite, les amis de Ciotti, s’est déjà ralliée. Une fraction de la grande bourgeoisie, Bolloré et quelques autres patrons du même acabit, milite pour cette solution par l’intermédiaire de puissants médias. La facilité avec laquelle la droite et les macronistes adoptent le langage de Le Pen, le fait qu’ils viennent aujourd’hui quasiment tenir les cordons du poêle à ses funérailles, montrent, s’il le fallait, qu’ils ne sont en rien un rempart contre l’extrême droite. Ils sont au contraire prêts à gouverner avec elle, pourvu que cela assure la stabilité gouvernementale propice à la poursuite des affaires du grand capital.