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États-Unis : la fin de la grève chez Boeing
Dans les deux usines Boeing de la région de Seattle, la grève de 33 000 travailleurs prend fin. En deux mois, les grévistes ont fait reculer la direction sur une de leurs revendications principales : l’augmentation des salaires.
Confrontés, comme tous les travailleurs des États-Unis à une forte inflation, les salariés de Boeing revendiquaient 40 % d’augmentation pour les quatre prochaines années. Cela n’aurait même pas compensé le blocage des salaires qui dure depuis une dizaine d’années. Alors quand, début septembre, la direction a eu le culot de ne proposer que 25 % d’augmentation, ces travailleurs se sont rebellés. Les 33 000 salariés concernés l’ont désavouée par un vote à 96 % contre cette perte de salaire réel, bien que l’appareil syndical leur ait recommandé d’approuver cet accord au rabais.
La grève a commencé le 13 septembre. En sept semaines de conflit, cédant devant la force des grévistes, la direction a reculé plusieurs fois sur les salaires : elle a proposé 30 %, puis 35 % et enfin 38 % d’augmentation. Sur recommandation du syndicat, cette toute dernière offre a finalement été approuvée le 4 novembre à 59 %, ce qui met fin à la grève.
Une forte minorité – 10 000 travailleurs, compte tenu de la participation à ce vote – voulait tout de même continuer la grève. En effet, l’autre revendication importante mais non satisfaite était le retour à un système de retraite d’entreprise garantissant un montant fixe de pension. En 2014, Boeing avait eu l’accord du syndicat pour que les nouveaux embauchés ne bénéficient plus de ce système financé par l’entreprise. À la place, ils n’ont plus droit qu’à une pension dépendant de ce qu’ils cotisent.
Durant les sept semaines du conflit, les grévistes ont résisté à des pressions multiples pour leur faire abandonner la lutte. Ils ont notamment été accusés d’avoir fait perdre 9,6 milliards de dollars à leur entreprise en cessant de travailler. Si cela est vrai, si en deux mois 33 000 salariés rapportent autant à leur patron, alors les grévistes avaient mille fois raison de revendiquer des hausses de salaires compensant l’inflation et une retraite fixe.
Le PDG de Boeing s’est félicité de la fin de la grève en déclarant aux employés : « Les mois écoulés ont été difficiles pour nous tous, mais nous faisons partie de la même équipe. » Il n’a pas été démenti par le dirigeant du syndicat, qui lui a répondu : « La grève va prendre fin et il nous appartient maintenant de reprendre le travail (…) et de ramener cette entreprise sur la voie de la réussite financière. » Les actionnaires peuvent se féliciter d’avoir à faire à un syndicaliste si compréhensif de leurs intérêts.
En revanche, lorsque ce même dirigeant syndical a déclaré aux grévistes : « Vous avez été forts, vous vous êtes dressés et vous avez gagné », certains n’ont pu que se rappeler qu’il leur avait dit deux mois auparavant qu’il ne croyait pas qu’une grève pouvait faire avancer leurs revendications. Il a été démenti par la force des travailleurs en lutte.
De son côté le président Biden s’est empressé de minimiser cette force en se félicitant lui-même : « Au cours des quatre dernières années, nous avons démontré que la négociation collective fonctionne. Les bons accords profitent aux travailleurs, aux entreprises et aux consommateurs », a-t-il déclaré. Comme si le résultat était dû aux interventions de son administration, et non à la lutte des ouvriers de Boeing contre leur patron !
Ne lui en déplaise : ce que les grévistes de Boeing ont arraché à leur patron, ils le doivent uniquement à leur volonté de l’affronter au cours de cette grève. C’est là que réside leur véritable victoire.