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Dans les entreprises
Euro Disney : la spéculation comme attraction
Un rapport de la Cour des comptes s’interroge sur la persistance d’une convention datant de 1987 qui permet à l’entreprise de réaliser d’importantes plus-values foncières.
À l’origine, cette Convention Disney, signée par Chirac sous la présidence Mitterrand, n’était rien d’autre qu’un catalogue listant les cadeaux concédés par l’État à Euro Disney afin qu’il choisisse d’installer son parc d’attractions en France plutôt qu’en Italie ou en Espagne.
Un premier volet comprenait la construction d’infrastructures routières et ferroviaires. Là-dessus, la Cour des comptes ne trouve rien à redire tant il est habituel que l’État se serve de l’argent public pour arroser les capitalistes. Elle le justifie même au nom de « l’incertitude liée au projet ».
C’est le second volet qui suscite un certain scepticisme, celui de la mainmise de l’entreprise sur l’urbanisation d’un secteur d’environ 2 000 hectares autour des parcs d’attractions. Un établissement public, EPA France, a été créé le jour de la signature de la convention, pour aménager le secteur. Il a vendu les terrains à Euro Disney à des prix bien inférieurs à ceux du marché. En guise d’illustration, le rapport révèle le cas d’un terrain vendu 1,63 million par Epa France à Disney et revendu le jour même 17,2 millions, soit dix fois plus cher. Notant le « manque de transparence » des contreparties accordées, les rapporteurs estiment que les plus-values ainsi réalisées sont comprises entre 100 et 200 millions d’euros sur les six dernières années.
Cette convention, qui « a créé une situation inédite, dans laquelle l’autorité publique et ses moyens sont mis au service d’une société privée, dans l’exercice de compétences d’aménagement du territoire qui relèvent des pouvoirs publics », devait initialement s’achever en 2017.
Prolongée à plusieurs reprises, son échéance est aujourd’hui fixée à 2040. Un horizon où la population de Val-d’Europe devrait avoir doublé et les nouvelles infrastructures du Grand Paris être opérationnelles. De quoi garantir encore de jolies plus-values à Euro Disney et de confortables dividendes aux actionnaires.