Baisse du chômage : Un triomphalisme indécent03/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1625.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Baisse du chômage : Un triomphalisme indécent

Martine Aubry, la ministre de l'Emploi, s'est offert son coup de pub : 38 600 chômeurs de moins en juillet 1999. Une bonne partie de la presse, complaisante, en a rajouté sur la fin de la crise et la disparition du chômage si bien annoncée par Jospin pour dans dix ans.

Que de tapage pour nous faire prendre des vessies pour des lanternes !

D'abord parce que le mode de calcul du nombre de chômeurs est un exercice digne d'un illusionniste ! On a ainsi appris que depuis la mi-juin, on ne prend plus en compte les 14 000 chômeurs âgés de plus de 55 ans et bénéficiaires d'une allocation spécifique. Cela fait déjà un moment qu'on ne comptabilise plus non plus les chômeurs qui, dans le mois, ont trouvé un petit boulot de plus de 78 heures. Bref de radiations administratives en changement de critères, le nombre de demandeurs d'emplois permanents, les seuls comptabilisés, est officiellement de 2 770 000, alors que le même ministère de l'Emploi, dans un accès de franchise, évoquait en juin dernier, un chiffre réel de 4,2 millions de chômeurs...

Mais, même si le chômage a effectivement baissé, on sait que la plus grande partie des emplois créés sont précaires et mal payés. Sur les 77 700 emplois créés par le secteur privé au premier trimestre 1999, la moitié environ étaient des emplois temporaires. Dans le secteur public, les 185 000 à 200 000 emplois-jeunes, chers à Martine Aubry, sont à la fois limités dans le temps (5 ans) et sous-payés (au SMIC).

Quant à voir le bout du tunnel, on en est loin ! On parle beaucoup de la baisse démographique qui résorberait le chômage, pour ainsi dire de façon naturelle. Mais on parle moins de la persitance " naturelle " des patrons à licencier quand ça les arrange : il y a eu près de 60 000 licenciements en juillet.

Martine Aubry avouait, selon Le Monde, avoir pour l'avenir " une peur bleue des fermetures d'usine ". Cela n'arrangerait sans doute pas ses statistiques. En tout cas c'est un aveu qui ne manque pas de sel quand on sait que les entreprises se rachètent à tout va, fusionnent et " restructurent " avec compressions de postes à la clé, et bénédiction du gouvernement.

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