Timor-Oriental : Les milices massacrent sous l'égide de l'armée indonésienne... soutenue par l'impérialisme10/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1626.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Timor-Oriental : Les milices massacrent sous l'égide de l'armée indonésienne... soutenue par l'impérialisme

Les dirigeants des milices pro-indonésiennes avaient promis un " bain de sang " au Timor-Oriental au cas où ce territoire se prononcerait pour l'indépendance. Ils tiennent parole ! Depuis que près de 80 % des votants ont choisi l'indépendance, bravant la terreur des milices, les exactions et les massacres se sont amplifiés, et se déroulent pratiquement sous les yeux des observateurs et journalistes encore présents.

Et pour se mettre à l'abri des bandes armées les habitants doivent se réfugier à nouveau dans les montagnes, ou au siège de la Croix-Rouge ou de l'ONU... protections dérisoires. Pendant ce temps bien des colons indonésiens que le régime avait fait venir préfèrent, eux, quitter le pays en bateau.

Les milices anti-indépendantistes agissent de concert avec la police et l'armée indonésiennes, sans même faire semblant de s'en cacher. Rien d'étonnant puisque ce sont les chefs de l'armée qui sont les parrains des milices. Ce sont eux qui, dès le début de 1999, dès que la question de l'indépendance a été officiellement évoquée par les autorités, ont commencé à recruter massivement, armer et entraîner ces hommes qui sèment aujourd'hui la terreur et qui seraient 30 000 ! Ces milices ont attiré des déclassés prêts à tout, des truands et sans doute des colons indonésiens qui redoutent de devoir quitter le pays. On fait état également d'Est-Timorais, indépendantistes, mais enrôlés de force.

Il est clair en tout cas que les chefs de l'armée indonésienne n'acceptent pas le verdict des urnes au Timor-Est. Ils sont de la même veine que les colonels grecs de 1967 ou, plus loin en arrière, que les généraux espagnols franquistes de 1936 qui considéraient que la volonté populaire c'était fait pour s'asseoir dessus ; et tout simplement dans la continuité des putschistes indonésiens de 1965 qui déclenchèrent cette année-là une vague de répression anticommuniste.

En juin 1998 le nouveau président indonésien Habibie avait annoncé son intention de retirer progressivement ses troupes, puis proposé l'autonomie, et enfin un vote sur l'indépendance. Succédant tout juste au dictateur Suharto, lequel fut contraint de partir par les émeutes populaires et par le lâchage des Etats-Unis, il souhaitait sans doute s'attirer par ce geste la bienveillance des grandes puissances. D'autant que, à cause de la crise économique, l'Indonésie avait plus que jamais besoin des bailleurs de fonds internationaux.

Seulement les chefs militaires installés au Timor-Oriental n'avaient aucune raison de lâcher leur proie et leur fief local. En outre les chefs de l'armée ne veulent pas de ce qui pourrait ressembler à une " défaite " au Timor, car il existe ailleurs en Indonésie, au nord de Sumatra et à Bornéo une contestation armée.

Et par-dessus tout l'armée, qui est depuis que Suharto s'est installé au pouvoir le pilier du régime, ne veut pas d'un revers face à la contestation sociale, étudiante et populaire qui s'est déjà manifestée et qui pourrait reprendre.

Tout ceci explique l'extrême fermeté des militaires et de leur création, les milices, au Timor-Oriental.

Les grandes puissances étaient au courant depuis des années, et en particulier ces derniers mois, de ce qui se passait au Timor-Oriental et des relations armée-milices. C'est donc en toute connaissance de cause qu'elles s'en sont remises à l'armée indonésienne pour assurer la sécurité dans ce territoire. On voit aujourd'hui comment elles s'en chargent !

Connaissant les préparatifs des militaires indonésiens, les massacres actuels étaient prévisibles depuis des mois, mais les dirigeants impérialistes ont préféré fermer les yeux, espérant peut-être que les choses se passeraient " bien ", plutôt que d'affaiblir l'état-major indonésien, leur allié.

Et même s'il commence à être question d'envoyer des troupes de l'ONU sur place, les représentants des principales puissances disent que cela ne pourra se faire qu'avec l'accord de l'Indonésie.

L'armée indonésienne, telle qu'elle existe depuis le coup d'Etat sanglant de Suharto, est une création de l'impérialisme, surtout de l'impérialisme américain. Elle s'est rodée par le massacre d'un demi-million de communistes indonésiens, puis a été - avec la police - l'instrument principal de plus d'un tiers de siècle de dictature féroce. C'est une armée dont la " vocation " est la répression, la mise au pas des peuples, la terreur. Un instrument précieux, aux yeux de l'impérialisme, qu'il traite donc avec beaucoup de ménagement... Même s'il en coûte encore des milliers de victimes chez les malheureux Timorais.

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