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- Lutte ouvrière n°1625
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Dans les entreprises
Alstom : Travailleurs en liberté surveillée
L'Humanité a révélé que la direction de l'Alstom tenait un fichier informatisé comportant des renseignements sur la vie privée, l'état de santé, le caractère de 548 salariés. Figurait également à côté de ces remarques un avis sur le maintien ou la suppression du poste occupé par le salarié.
Voici quelques-unes deces observations qui ne manquent pas de sel : " Séquelles de l'hémiplégie. Poste àconserver ? Non " ; " Bégaiement. Poste à conserver ? Non " ; " Problèmes personnels, a fait une déprime énorme, pourtant a une licence d'espagnol ! " ; " Potentiel limité par la vie familiale " ; " Très souvent absente, non indispensable, non remplacée, poste à conserver ? Non ". Les personnes concernées par ces exemples sont des femmes. Mais sont aussi visés des salariés atteignant la cinquantaine : " 51 ans, cadre, aucune lacune. Poste à conserver ? Non " ; " 59 ans, secrétaire, trop de lacunes, poste à conserver ? Non, faciliter le départ " ; " 57 ans, dessinateur, évaluation sans objet, poste à conserver ? Oui, remplacement par intérimaire si possible ". Ces annotations prennent tout leur sens quand on sait que l'Alstom vient de fusionner avec un autre géant et que la direction part à la chasse aux salariés qu'elle estime de trop.
Le directeur des ressources humaines a nié l'existence d'un tel fichier informatisé, en précisant que ce n'est pas le style de la direction. Mais sa publication a piégé le patron. En réalité, on sait que ce genre de pratique est le fait de la plupart des patrons. Et même si finalement la commission nationale Informatique condamne le patron de l'Alstom, ce qui reste encore à vérifier, les travailleurs ne seront pas pour autant protégés de telles pratiques.